dimanche 22 janvier 2023

L'hiver à Anacapri chap XXI "La Maison ensorcelée"

 Sous le soleil d'hiver à Anacapri

Chapitre XXI de « La Maison ensorcelée »

Roman à Capri

Matin d'hiver sous le timide soleil dévalant la roche fauve du Monte Solaro, matin d'hiver dans la fraîcheur de notre maison patricienne bien décidée à garder son visage hiératique.

Les murs nous torturent de leur blanc parfait d'une froideur surprenante, l'absence de cheminée nous serre le cœur. Grâce au ciel et aux soins d'Antonio, notre aimable propriétaire presque confus de nous avouer qu'une légère froidure et de vigoureuses pluies touchaient aussi Capri de décembre à la mi-février, nous avons retrouvé notre énorme cafetière et la supplions de nous donner les forces d'affronter le manque de chauffage central.

Cette sensation horriblement concrète de nos quelques pièces embuées d'air glacé, s'efface d'ailleurs au sein de la paix irèelle suspendue autour des jardins formant un cercle enchanté autour du nôtre... Capri enrhumée, frileuse et silencieuse ne se souvient plus des files erratiques des voyageurs de l'été

.L'air pur suscite des frissons franchement enivrants. Une cure de jouvence ! pour un peu je proposerais un bain de mer à l'homme- mari, mais, j'ai tout de même pitié de lui... De toute façon, nous avons choisi décembre, autant assumer sans gémissements puérils, serions -nous fragiles, gâtés, insatisfaits ?

Que non pas ! qu'importe la saison, sur l'extravagant rocher teinté d'or et d'émeraude sombre, le spectacle continue...

Les deux bourgades aux rues étroites encore parfumées sont peuplées d'enfants qui se poursuivent sans crainte de heurter un touriste égaré ; les escaliers abrupts servent de salons à des passants qui se saluent en souriant derrière leurs écharpes bien épaisses, et les terrasses se remplissent de jeunes filles au pas vif et aux gestes éloquents face au froid cet ennemi, cet intrus(A peine dix  degrés ce matin, ma Mamilla !) . Au fil des voies romaines, des placettes, des arrêts de bus, ces admirables îliens sont si emmitouflés de fourrures et de laine que l'on croirait avoir échangé Capri contre l'Islande. …

Début décembre, aux portes de l'hiver, nous touchons à la saison vouée aux Capriotes, à leur solitude trempée de tempêtes, à leur vie balancée entre le jour fugace et la nuit profonde.

Comment imaginer Capri livrée aux ténèbres, l''île resplendissante tombant si vite dans les rets de la nuit âpre, impitoyable et somptueuse ?

L'amère et brutale nuit qui, pareille à une amante armée d'un poignard, chaque fin d'après-midi, ôte aux vergers à la divine senteur d'oranges mûres, l'éclat pourpre du rocher de la lumière...

Hier soir, nous avons heureusement goûté à la chaleur inouïe de la salle à manger de nos amis si bienveillants. Un banquet évoquant la somptuosité des siècles où le voyageur affamé et frigorifié, était nourri et réchauffé à l'instar d'un envoyé de l'Olympe.

Cette magnificence altruiste nous rendit la douceur de Capri perdue et retrouvée.

Hélas ! étourdis par le voyage et le retour sur une île que nous ne reconnaissions plus, moi-même angoissée depuis ma vision intempestive de mon fantôme au couvre-chef, nous eûmes beaucoup de mal à nous montrer digne de l'affabilité raffinée de nos hôtes. Ainsi, à force de rendre les honneurs aux plats se succédant sans trêve, sans une ombre de méfiance envers la kyrielle de vins aux noms si joliment évocateurs, l'Homme- Mari évita de justesse de choir de sa chaise.

Je ne me comportai guère mieux à ma grande honte. .La tête tournée par ce festin du roi Alkinoos aux humbles voyageurs Gaulois, j'en perdis mon italien au profit du latin appris au lycée et du grec parlé dans une vie antérieure. Et le pire survint : ma volubilité incompréhensible fit suffoquer de rire toute l'aimable famille ; sans oublier le gentil caniche aboyant avec autant de fougue que s'il avait senti peser sur nous la menace foudroyante du Vésuve...

La nuit nous empêcha hélas de contempler à sa juste valeur la sereine beauté de la maison accrochée au roc, rehaussée de colonnes plantureuses, couronnée d'un jardin se développant sous l'égide d'un vénérable citronnier, puis rythmé d'arcades de pierre, de terrasses binées en vue des cultures de courges, tomates et salades, et d'épais buissons de fleurs encore odorantes.

Tout un théâtre de verdure métamorphosant le rustique verger indispensable à la vie familiale, en un domaine idéal, façonné par un patricien romain ou un descendant de pirate grec.

« C'est presque cela ! » s'amusa Salvo quand je lui confiai avec ingénuité ce sentiment trop romantique pour être vraiment italien.

« Madame, vous dites toujours des choses si drôles ,on croirait que vous passez la vie à inventer un roman. La vérité est plus simple et peut-être encore plus originale.

Cette maison fut la fierté il y a des lustres de mes ancêtres, d'abord riches au temps d'Auguste, ensuite pauvres, misérables, morts de faim, et ensuite, relevant la tête, ne perdant plus la face, et embellissant leurs logis bâtis sur les fondations des antiques villas.

L'île fut pillée sans relâche, mais nous ses habitants nous gardâmes ce que nous pûmes sauver, des colonnes, des bustes, des statues en miettes. Voyez ces arcades qui rythment nos chemins, elles sont d'une époque et d'une autre, comme nos murs grecs, romains ou français de l'époque de Murat. Sans nous décourager, en redécouvrant les débris des mosaïques ou des fresques splendides, en arrachant à la terre des morceaux de marbre, des débris splendides ayant échappés à la cupidité des voyageurs, nous avons toujours reconstruit nos maisons en les agrémentant de ces pergolas qui, bien plus que des ornements à la mode antique, sont notre style, notre état d'âme, notre art de vivre.

La misère dura si longtemps que nous aurions pu disparaître, emportés par les famines et les maladies, mais, il y eût cette idée géniale de Pagano, et vraiment, Madame, la Grotte Bleue fut une bénédiction pour Capri ! pourtant ces bienfaits ne touchèrent qu'à grand peine Anacapri, pauvre et inconnue sur son plateau escarpé, ses fils misérables gardiens de chèvres, ses filles filant la soie, notre destin faisait pitié ! et puis, la chance tourna, un peu grâce à vous les Français, et beaucoup grâce à notre ingéniosité, ne sommes- nous descendants des pirates Grecs ?

Nous avons eu la chance d'être aidés par une poignée d'officiers qui se toquèrent de notre plateau, et du Monte Solaro après la prise de Capri en mille huit cent huit. Mais la prospérité pour nous vint avec le commerce, les chambres louées, les hôtels simples ou plus cossus,  l'invention du limoncello, et, c'est malheureux à dire, la vente de terres qui servaient à la chasse au pied ou au bord des falaises; et  même les vignobles si célèbres furent sacrifiés. Les villas inventées par les excentriques surgirent du roc, les écrivains, les peintres, les amateurs de marche en montagne, Allemands, Russes, Suédois, Anglais, formèrent des cercles distingués et très exclusifs. Vous savez, cara amica, Anacapri reste encore un secret, le contraire de la ville d'en bas qui se donne à tous...

J'héritai il y longtemps déjà de cette maison qui vous plaît (j'en suis très flatté), à la mort de mon père. J'étais très jeune, mais en Campanie, la coutume exigeait que le fils aîné soit le chef de la famille. C'est presque fini maintenant, voyez, notre aîné travaille à Rome, il a un bon poste dans une grande entreprise internationale, il a donc échappé à la tradition, mais notre fille est mon bras droit, elle déborde d'idées et me succédera quand j'aurai envie de prendre mon bateau et d'avoir une nouvelle vie après celle-là consacrée au labeur infernal pendant la saison des touristes.

L'hiver, je me sens en cage ! le travail me manque, et je réfléchis trop sur la vie, la destinée, le passé, et maintenant, vous voilà de retour , pourquoi en vérité ?

Vous aimez la solitude, l'inconfort, vous adorez souffrir pendant vos vacances, que chercherez- vous sur les sentiers empierrés et glissants, dans la pluie et le vent ? »

« Allons Salvo, tu exagères, coupa Flavia d'un ton calme, la météo annonce le soleil depuis que nos amis ont débarqué sur l'île. Ils ont échappé à la tempête de justesse, et profiterons d'un répit dans la mauvaise saison, ne les décourage pas ! reprenez un peu de torta caprese, oui, vous en êtes à la troisième fois, mais c'est si léger ! une recette historique ... »

« Bien sûr, dis-je, abondance de chocolat, myriade d'amandes, avers de sucre, fontaine de crème de citron, un gâteau aérien... je crois qu'il me faudra escalader les falaises comme une chèvre pendant toute la semaine afin de ne pas devenir énorme après vos merveilleuses agapes ... »

« Cara amica, répliqua Salvo, pardonnez ma franchise terrible, mais vous êtes trop mince, c'est une fâcheuse habitude de votre pays, nous avons eu si peur de ces jeunes Françaises qui logeaient dans la maison de notre fils quand il suivait son année d'études dans votre Sud-Ouest, demandez à Flavia, ces filles observaient un régime ridicule, et ne cuisinaient jamais ! Notre fils aurait pu mourir de faim ! »

L'Homme- Mari leva la tête en arborant un sourire un peu trop affirmé, et je réprimai de toutes mes forces un rire irrépressible.

La belle Flavia haussa les bras fiers d'une superbe matrone romaine outragée :

« Ces jeunes Françaises ! charmantes, coquettes, sympathiques, et incapables de préparer autre chose que des salades ! comment nourriront- elles leurs familles ? J'ai compris une chose en visitant cette région des vignobles, seuls les hommes en France aiment faire la cuisine. Nous sommes arrivés juste à temps, notre fils dépérissait ! je l'ai sauvé de l'inanition grâce à mes plats en conserve, si vous l'aviez vu pleurant de joie devant mes provisions ! comment le vôtre, si gentil, si enclin à aimer Capri, supporte- t- il sa vie en Afrique Australe ? « 

« Vous le saurez très vite, nous l'attendons demain  si le ferry traverse le golfe, et nous vous invitons déjà le surlendemain à un cocktail très simple. »

Je sentis autour de moi jaillir un sentiment de gratitude fort amical, vite accompagné d'une onde de frayeur... et je n'osai mentir à ces amis un tantinet méfiants, Oui, la maison que nous louons avec tant d'empressement, en raison de ses détails gracieux, de son majestueux châtaignier, et de son jardinet orné d'un oranger (dont les fruits me serviront de ravitaillement journalier, impossible de résister ! c'est très mal mais je me ferai pardonner par Antonio en offrant à sa maison le grille-pain réclamé par l'Homme-Mari qui aime avoir ses aises) a l'inconvénient d'abriter un courant d'air d'une fraîcheur très saine, rançon des demeures très anciennes et mal isolées.

Allons, quelques bons vins éveilleront vite une agréable sensation de chaleur chez nos convives … Salvo approuva aussitôt ces paroles optimistes, tandis que son épouse soupirait à fendre des âmes moins robustes que les nôtres. Nos figures rouges de chaleur furent sur le point de se figer en une grimace quand Giuilia nous détendit avec sa grâce habituelle en s'écriant que porter des châles la ravissait ! et quelle bonheur serait celui de ses parents sans parler du sien, si notre aventurier de fils racontait de palpitantes épopées africaines à un auditoire captivé au point de ne plus se soucier de la température ambiante.

Le programme de notre troisième soir d'hiver à Capri une fois établi, j'avouai que nous avions rendez-vous sur un chemin escarpé de la Migliera le lendemain matin afin d'y découvrir une villa quasiment dans nos moyens. Cette annonce imprudente sonna comme un propos inconcevable, absurde et inepte et l'atmosphère vira à l'orage immobile ...

Salvo nous demanda quel serait notre mentor, et la réponse l'exaspéra au plus haut point :

« Encore quelqu'un qui vous tend un piège ! Vous serez déçus, une maison à ce prix-là, ou elle n'existe pas, ou elle est en ruines, ou elle va s'effondrer du haut de la falaise..  et l'autre, celle que vous aimiez à la folie, celle d'en bas, avec son jardin interminable, son clochard qui s'est installé sans payer,? Ah, vous l'ignoriez ? Tout le monde ici, dans notre vieux quartier de Caprile,se moque du propriétaire qui réclame des millions aux braves gens de votre espèce, sans savoir qu'il loge pour rien un Napolitain sans le sou ! et qui salit, qui dévaste, et qui peint des fresques dégoûtantes sur les murs... si j'étais vous, je secouerais tout ce petit monde, j'insisterais pour bouter ce type loin d'Anacapri. Ce n'est donc pas pour ça que vous êtes venus ?

Cette maison qui vous attirait au point que dans vos lettres vous ne parliez que d'elle ?

Elle vous avait pris le cœur, et maintenant, tant pis, vous l'abandonnez pour une autre que vous n'avez jamais vue très haut sur la Migliera ? Vous aurez un beau point de vue, mais il vous faudra une santé de fer, un estomac de chèvre, un tempérament d'ermite, et les légendes courent dans ce coin, on y devient malade, fou, tenté par le vide, vous verrez ! »

L'esprit en déroute, nous nous quittâmes avec une pluie de promesses et de vigoureuses embrassades, non, nous ne donnerions notre confiance à aucun agent immobilier napolitain, oui, nous tenterions de délivrer la maison ensorcelée de cet infâme habitant qui la dénaturait en la bariolant de rouge, oui, notre fils Henry serait si content de les revoir, et quel festin, que de délices, merci de tout notre cœur …

Que la nuit d'hiver était pure et profonde à Capri ! comment ne pas vaciller dans ce charmant état d'ébriété ? Ce vin blanc d'Anacapri, quel rusé nectar ...et quel sommeil divin ensuite !

Nous étions donc au second jour de notre retour d'hiver à Capri, et j'avais passé la nuit à errer dans le jardin de la maison abandonnée. Quelqu'un m'y épiait, une ombre dénué de visage, une voix éteinte, une forme impalpable, à coup sûr, l'Homme au Panama, ou au feutre vert comme le hasard voudra. Lasse et agacée, j'en conclus que seule une quantité immodérée de café me sauverait de la dépression. L'Homme- Mari consultait sa montre d'un air vague, signe chez lui d'une intense concentration. 

« Que faisons- nous ? J'ai très envie de revenir voir la maison abandonnée, elle m'a hanté cette nuit, tu vas me croire fou, mais j'en ai rêvé. D'un autre côté, ce pauvre Napolitain ne mérite pas que nous annulions un rendez-vous l'obligeant à prendre le bateau tôt ce matin ... »

J'approuve d'un signe de tête, soudain ranimée par la lumière coulant des bosquets sombres et des rocs fauves de la montagne, une promenade sur la Migliera ne se refuse pas sous le soleil de décembre, et on ne sait jamais ce que Capri nous réserve .

« Andiamo ! »

L'heure de la rencontre fatale avec le Napolitain inconnu chargé de nous guider sur les flancs rocheux de la Migliera s'approche à grandes enjambées, ne réfléchissons- plus, agissons ! notre réputation de Français intègres est en jeu, la survie de la maison abandonné, ensorcelée, hantée, attendra l'après-midi.

A l'heure dite, sur la Piazza Caprile, comme par enchantement, une Fiat bleu ciel manque d'écraser les pieds de l'Homme Mari, s'en extirpe à grand peine, un sémillant individu, un sourire professionnel étalé sur sa figure ronde. L'Homme- Mari le salue sans méfiance, et j'éprouve une étrange sensation de panique. J'ai envie de m'enfuir, de courir sur les marches de la via Follicara, au bas desquelles s'étale la mer éclatante de lumière nacrée.

Cette idée si séduisante en France de visite d'une maison impeccable au-dessus de la Migliera m'épouvante comme si nous allions commettre un crime.

Un bras de fer me serre le cœur, trop tard, la Fiat nous emporte sur les pentes raides à la découverte d'un paradis qui ne nous concerne pas.

« Mais, dit l'Homme- Mari, c'est presque parfait ! On se croirait en plein ciel! Regarde ces orangers sur ce jardin en espaliers, n'était- ce ton rêve ? La maison est charmante, pas de gros travaux, la terrasse en bon état, les colonnes sans doute ne datent pas de Tibère, mais elles ont de l'allure, la salle à manger a le plafond en arcade obligatoire, aucun bruit, si ce n'est le vent dans les branches et le miaulement de ce chat, toujours un chat; Capri  devrait s'appeler l'île des chats et non le rocher des chèvres, qu'en penses- tu ? »

« Des chats de Capri? »

« Enfin, dois-je tenter une négociation ? »

Je prie l'Homme- Mari et le courtois Napolitain d'avoir la bonté de me laisser grimper sur les hauteurs du verger en compagnie du chat, un beau mâle rondouillet à la robe d'un noir lustré et aux miaulements indignés prouvant son rang de seigneur de ces lieux pacifiques.

Tout va trop vite, le piège est grand ouvert et l'Homme- Mari s'apprête à y tomber...

Je cueille une orange et mon esprit se noie dans le miraculeux spectacle de la baie de Naples pareille à une coulée d'argent piquetée de frissons bleu-vert.

Ma lucidité endormie par l'intense lumière se ranime, nous abordons aux portes d'un paradis en réduction, mais nous n'y sommes pas seuls ! Deux autres maisons épousent celle qui plaît à l'Homme-Mari, les toits se touchent et le chat s'amuse à bondir sur chacun, histoire de me faire comprendre que nous serons soumis au vacarme, aux humeurs, aux caprices de nos chers voisins !

Mon regard devine au loin une allée très longue, un toit en terrasse, un bosquet de pins, et la honte m'envahit, là, recluse dans son jardin abandonné, la maison que nous avons tant aimé patiente avec un douloureux espoir, ce sera celle-là ou aucune ! 

« Revenez à vous, revenez chez nous,  on ne sait jamais quelles merveilles vous réserve l'avenir. » murmure une voix.

Je me retourne, mais seul le chat saute vers moi depuis un oranger.

Je redescend lentement vers la terrasse et interrompt l'âpre discussion entre l'Homme- Mari et le courtois Napolitain.

« Je suis désolée, mais ces maisons sont vraiment trop rapprochées, le prix déjà exorbitant ne se justifierait que pour une maison indépendante et plus vaste. Nous n'aurions pas une minute de tranquillité, et le jardin ne serait pas à nous. A quoi bon nous ruiner, nous endetter jusqu'à la fin de notre vie ? Les vues sur la mer ne manquent pas sur l'île, il suffit de s'arrêter à chaque tournant. »

Notre Napolitain, ainsi attaqué, garde un sang-froid majestueux et récite sa leçon : les voisins sont polis, silencieux, invisibles, oui, ils vivent à Capri toute l'année, justement, c'est une chance, et le jardin commun sera bien soigné ! des enfants ? Ah, oui, il y en a, combien ? Ah, je ne sais pas, il faudra les compter, mais c'est si sympathique ! Le prix ? Non, pas de négociation, enfin, vous êtes à Capri ! et la maison ne demande aucun travail de rénovation, un confort merveilleux, le propriétaire vous laissera ses meubles, la Signora a remarqué les jolies gravures de Capri n'est-ce pas ? Non ? Mais que pensez-vous acheter pour un prix si modique ? Une cabane à outils ? Un garage ? Une oliveraie. pourquoi pas, mais il faudra vivre avec les chèvres ...Non ? Vous avez une autre idée, je le sens … eh bien bonne chance ! quel dommage... Vous ne trouverez rien de mieux, cette maison attire beaucoup de gens sérieux, si vous changiez d'avis, dépêchez -vous ! vous préférez rentrer à pieds ? Alors, bon séjour, peut-être à bientôt ! »

Et la Fiat démarre comme un ouragan furieux.

« Mon Dieu, tu as raison, s'exclame l'Homme- Mari, quel traquenard ! nous allions acheter une cabane hors de prix dans une espèce de communauté … Heureusement, nous n'en aurions pas eu les moyens sans négociation . Si nous allions prendre des nouvelles de la maison abandonnée ? Elle me manque, et j'ai eu honte de notre infidélité, si vraiment elle est en péril, nous en discuterons avec Salvo. »

« Pourquoi pas, mais sans mettre la main sur le trésor de Tibère, nous n'avons aucun espoir de la sauver..  D'un autre côté, je ne peux rester sans la revoir plus longtemps, n'est-ce pas la raison de notre séjour d'hiver sur l'île ? Surtout, pas un mot à Henry, il s'imaginerait que ses parents sont fous.

« Je crains, rétorque l'Homme- Mari avec une belle simplicité, qu'il ne le sache déjà. »

A bientôt pour la suite de ce roman à Capri,

Lady Alix

ou Nathalie- Alix de La Panouse



 Capri ou l'île solitaire et secrète: le paradis ancien, perdu et enfin retrouvé


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