lundi 6 février 2023

Les fantômes d'Anacapri: chap XXII "La Maison ensorcelée"

          

              Quand la tempête se lève à Capri ou les fantômes de la brume

 "La maison ensorcelée" chapitre XXII          

Nous étions à Capri sous le soleil jaune citron de décembre, hésitant entre rêve et réalité, l'esprit apaisé et indifférent aux appels de notre portable, pauvre outil enroué à force de nous proposer de revenir à la raison.

L'Homme- Mari et moi-même, main dans la main, descendions d'un pas grave sous le soleil fragile, une « traversa » enguirlandée de feuillages vert et roux encore piquetés des pétales roses échappées aux floraisons tardives.

« Comme je serais heureuse si tu envoyais paître ce maudit portable, là-bas, dans ce taillis qui cache certainement une maison romaine en ruines. Cela nous fournirait un beau prétexte pour entrer dans une propriété privée selon notre bonne vieille habitude sur l'île. » dis-je à l'Homme- Mari, pensif et un tantinet lointain, le regard fixé sur l'horizon trahissant un vague effroi... Un peu comme s'il craignait que la mer ne l'engloutisse au sein de ses vagues bleu glacier irisées d'écume aux nuances d'arc -en-ciel. Une mer au tempérament bien affirmé, tout à son humeur hivernale, une mer qui nous préparait un tour à sa façon.

« Je suis inquiet. » me répond -t-il sans changer de mine.

« Vraiment, cela paraît ridicule, l'air est si frais sur ce chemin, la lumière si translucide sur les roches, les bois, les jardins potagers, mais un mauvais souvenir me revient. Quand je naviguais, ce temps-là m'inspirait de la méfiance, quelque chose se prépare, la mer gronde, et nous l'entendons clamer sa hargne jusqu'à ces solitudes ensoleillées. Regarde sur l'horizon monter ce rideau de brume. Lève les yeux, vois-tu ce nuage lourd et épais qui s'accroche au Monte Solaro  ?

Il nous menacera bientôt à mon avis. Ce qui n'aurait aucune importance si Henry ne s'embarquait cet après-midi,.. J'y songe, dans ta poche, ce maudit engin qui s'évertue à nous assourdir, c'est peut-être notre fils qui tente de savoir si ses parents ont glissé d'une falaise ? « 

C'est lui ! et nous échangeons les moues contrites des parents dénaturés qui se cherchent de mauvaises excuses. 

« Oui, Henry, quel bonheur ! depuis dix minutes ? Oh, pardon, le portable a du mal à se faire entendre sur les hauteurs d'Anacapri. » dis-je d'un ton hypocrite qui ne convainc absolument pas notre fils.

« L'avion en retard, quel dommage, si tu savais comme il fait chaud et beau, oui, bien sûr, tu reviens d'Afrique, tu es habitué, enfin, la maison te plaira, non pas celle qui nous plaît, comment es -tu au courant ? Ah, Théodore t'as mis en garde, il a eu tort, cette maison abandonnée est troublante, à vrai dire extraordinairement bouleversante, non je n'invente pas un roman.

Oui, bien sûr, absolument pas un tas de ruines, mais décatie, décrépite, à peine habitable ,la preuve, un clochard y aurait pris ses quartiers d'hiver ! du chauffage, non, il doit allumer un feu, très dangereux, cela concerne le propriétaire après tout . Non, il ne désirerait pas encore baisser son prix, nous avons prévu une nouvelle discussion, quand ?

Bientôt ! l'air frisquet et parfumé de Capri en décembre berce et apaise, le monde sombre dans l'oubli, les actions sensées perdent beaucoup de leur acuité. Pourquoi hâter les discussions fâcheuses ? L'heure idéale viendra tôt ou tard. Aucun espoir ? Si, il y a toujours de l'espoir :

« Amor omnia vincit » !

À ce sujet, Théodore est adoré sur l'île, on le prend pour la réincarnation d'un gentilhomme qui apprenait à lire aux enfants au temps de la découverte de la Grotte Bleue, non je ne me moque pas de toi. Quel horrible soupçon !

Salvo, le père de la jolie jeune fille en face de la Villa San Michele, te souviens- tu ? Donc Salvo et même la charmante épouse d'Arturo l'écrivain, m'ont raconté cette histoire.

Je t'entends très mal, oui, tu n'as pas tort, tous les blonds aux yeux bleus ont la même tête, si tu le dis... mais, non ? Je me tais ! enfin, tu adoreras l'autre maison très ancienne, celle que nous louons à un Napolitain délicieux, oui, tu as raison, peu importe qu'il soit délicieux, je suis d'accord, mais tout de même cela a son charme, oui, des couvertures, oui, l'épouse du propriétaire y a pensé, et moi aussi d'ailleurs, et je te le jure, l'île nous comble d'un printemps en hiver, cela tient du prodige !

En fin d'après-midi donc, la traversée va t'enchanter, la mer remue à peine, juste des envolées d'écume, tu ne sentiras rien, aucun risque de souffrir du mal de mer, oui, tu as vu tellement pire sur l'océan indien ! Papa ? entendu, je le lui dirai, non, il n'est pas à côté de moi, il achète de quoi te sustenter ce soir dans cet antre sombre de l'épicerie de la Piazza Caprile, je suis désolée, je dois l'aider, il persévère à confondre l'espagnol et l'italien une catastrophe !

On va lui donner toute la nourriture que nous détestons si je ne m'en mêle pas, je te quitte, bises, bonne traversée, surtout prends un taxi, oh mon Dieu ! en décembre, les taxis ne circulent plus ! tu sais te débrouiller bien sûr, le funiculaire, un bus, non je ne te prends pas pour un enfant !

A presto ! »

Je tends le maudit portable encore frémissant à l'Homme- Mari qui dort à moitié sur un muret soulevé par une robuste vigne-vierge ,un ouvrage sans doute romain, ou si l'on préfère grec, en tout cas fort délabré et sentant l'antiquité à pleine nez. L'Homme- Mari n'est pas seul sur son mur qui a vu Auguste : un chat débonnaire étendu sur ses pieds .Tous deux offrent l'image de la plus évidente félicité ! cette paix éclatante de lumière qui restera jusqu'au jugement dernier, et même après, l'incomparable spécialité de Capri.

« Ciel ! Remercie- moi ,tu l'as échappé belle, dis-je tremblante à l'Homme- Mari, il sait tout ! et voulait te passer une avoinée car nous sommes assez fous pour tomber amoureux de l'unique maison de Capri qui ne sera jamais à nous ! voilà ce que Théodore a osé lui mettre dans la tête ! eh bien, nous allons prouver le contraire à ces gamins ! et à l'île également, à moins que les Sirènes ne soient dans notre camp, qui sait ? »

L'Homme- Mari et son compagnon placide agitent l'un une main, l'autre une patte, tous deux avec une noble douceur, une superbe indifférence.

J'essaie bravement de rompre le sortilège capriote qui éteint en toute personne sensible les feux de la passion vaine, et les remplace par la quiétude infinie d'un esprit enfin délivré de ses outrageantes contraintes.

Je sens que d'ici deux minutes, je sombrerai à mon tour, il me faut lutter coûte que coûte ! ou nous passerons le reste du jour à flotter à l'unisson, l'esprit embrumé par le bleu limpide de la mer rageuse, étourdis de soleil et d'éternité, guettant depuis notre mur inconfortable la suave mélancolie de la montée du soir ...De quoi attraper un bon rhume et recevoir une nouvelle semonce de notre fils indigné.

« Tu as l'air fatigué, dis-je avec hypocrisie, rassure- toi, je ne t'imposerai que du repos après cette excursion matinale à la découverte d'une petite propriété aussi chère qu'un palais Vénitien, et présentée comme un amour de petit domaine indépendant cédé à un prix d'ami. Les Napolitains ne se doutent- ils que les étrangers ne sont pas obligatoirement déficients mentalement ? Tu as une conduite digne et impeccable, maintenant, je te prie de goûter à la maison au farniente traditionnel. C'est à moi, en vraie Mamma Capriote, de remplir les placards et le frigo de victuailles. N'oublie pas que je dois de toute urgence améliorer mon italien, sinon comment lutterons- nous contre l'armée impitoyable des propriétaires et agents immobiliers répandus sur les rochers ?

Repose- toi à la maison devant le souffleur, et nous repartirons à l'aventure après le déjeuner, le soleil effacera les affres de notre voyage et la lumière nous revigorera avant les retrouvailles avec Henry que je devine nerveux à notre égard, quelle patience ne faut-il déployer à l'égard de ces enfants ! »

« Je parie qu'ils affirment exactement la même chose en parlant de nous.» sourie l'Homme- Mari qui fait preuve parfois, il me faut l'avouer, d'un étonnant bon sens.

A mon grand soulagement, il accepte de cheminer par les escaliers et nous prenons courtoisement congé du chat rondouillet et philosophe, image parfaite du dicton en honneur sur l'île :

« Heureux comme un chat de Capri ».

Trente minutes plus tard, midi résonne de tout le cristal des campaniles d'Anacapri.

Je dévale, en me sentant un peu coupable, les marches glissantes de ma vieille amie, la via Follicara retrouvée avec émotion, mon pays de cœur ! au loin, la nuance céleste réfléchie par la mer se rétrécit sur un horizon étrange, ceinturé de brumes blanches veinées de gris. J'ai la troublante impression que l'île d' Ischia s'enfonce au creux des flots et que le golfe de Naples rapetisse à vue-d'oeil …

Nous voguons sur un bateau- fantôme couronné de gros nuages roulant le long des pentes vert-émeraude... Je rejette cette vision suscitée par je ne sais quelle fantasmagorie de la lumière.

Capri est une solide île calcaire, et Ischia, la volcanique, immense et lointaine, a l'habitude de se défier son propre volcan et ses fonds- marins peuplées d'abysses redoutables. L'épuisement du voyage me fait légèrement délirer en pleine jour. Pourtant, si mes yeux ne m'abusent pas, Ischia coule au fond des flots et Naples a été avalée par le dieu de la mer ! 

Voici les bancs de la Piazza Caprile, garnis de leurs occupants en train de caqueter à la vitesse de chevaux lancés en plein galop. L'épicier, impavide sous son paravent à rayures vertes et blanches, m'a reconnue et saluée avec étonnement, les matrones ont cancané sur mon passage, les enfants se sont exclamé, et un homme élégant me barre le chemin.

C'est Salvo frais comme un Capriote qui vient d'accomplir sa promenade de santé.

« Mais où courez- vous, Madame ? Et votre époux, dort- il encore ? Non ? Allora, cette maison si peu chère, si merveilleuse ? Une déception, trois maisons collées les unes sur les autres ! je le savais, achève-t-il sur un ton impérial(Salvo ne serait-il lui aussi un descendant du bienveillant Auguste ? Certainement pas du terrible Tibère en tout cas!).

Voilà que vous vous précipitez au risque de tomber vers la vallée de Caprile, vous avez- rendez-vous avec le propriétaire de la ruine ? Non ? « 

Je bafouille comme un écolier pris en train de battre la campagne au lieu d'assister sagement à ses leçons d'orthographe. Serais- je capable d'attendrir mon ami dont le caractère de Pater Familias s'étend par cercles concentriques à ses amis qu'il devine menacés d'un péril ? J'insiste sur mon sentiment d'irrépressible nostalgie envers la minuscule vallée de Caprile, inconnue aux voyageurs hâtifs et communs.

D'ailleurs, je ne dispose que d'une heure à peine, la préparation du déjeuner sacré de mon époux ne me tourmente-t-elle déjà ?

« Vous ? Vous ne savez pas cuisiner ! Bon, je comprends, vous ne pouvez résister à votre envie de vous promener sans être perturbé par une personne ne devinant pas que vous avez un rendez-vous avec le passé...

Je respecte votre entêtement, ce n'est pas votre faute, vous l'avez compris, sur l'île, il n'y a plus de temps, et le passé aime vaincre le présent, c'est une sorte d'entente cordiale.

Je vous laisse car Flavia m'a chargé de lui rapporter beaucoup de choses, ah, votre fils, celui qui parle si bien italien, sait- il que la tempête éclatera tout à l'heure ? J'espère qu'il s'est déjà embarqué ? Sinon, je le plains ! » 

Comme à l'accoutumée, mes paroles s'envolent face à l'autorité naturelle de Salvo, qui, pareil à un arbre gardien des siècles, Pin Parasol ou Platane immenses, défie avec une franche fierté l'horizon et l'adversité.

Je me contente de désigner la suite de marches dégringolant vers la placette en priant le ciel afin qu'il me laisse me hâter avant le fatal déchaînement des éléments.

«Tout va bien, je vous assure, notre fils ne craint pas le mal de mer et son avion s'est sans doute déjà posé à Naples depuis un bon moment, il ne va pas tarder à monter sur le ferry. Nous sommes si émus qu'il ait préféré attendre pour revoir ses frères et ses amis de Paris ou du Sud de la France, et décidé de nous rejoindre sur l'île ! Je vous appelle en tout cas ! a prestissimo ! »

Cette fois, au risque de me rompre le cou, les jambes ou ma personne entière, je me précipite vers la première venelle bordée de rocs énormes .Aux balcons, blotties derrière leur linge étendu sur un fil balancé par le vent, les dames des hautes maisons de pêcheurs ou de paysans, me surveillent, sans savoir que, du haut de leurs tours vétustes, elles narguent la convoitise des acteurs de l'immobilier cossu de notre fol univers.

On me guide de je ne sais quel monde invisible, on me jette à droite, on me rattrape à gauche, et j'obéis aux esprits de l'air. Un escalier aux degrés rompus, un autre envahi de terre, un sentier sur lequel j'avance aveuglée de soleil blanc, le vigoureux soleil d'hiver à son apogée, et le portail vert émeraude reluit sur ses marches taillées dans la pierre aux reflets d'or roux.

Le même sentiment d'être enfin au port s'impose à l'instar d'une vérité remontant des replis soyeux de la mémoire. Je suis chez moi et aucun agent immobilier ne m'ôtera cette certitude héroïque.

Comme si le hasard souhaitait me protéger de la curiosité malséante des rares passants, voici que le brouillard jaillit en reniant les maisons voisines, estompant les grilles du domaine abandonné, voilant de plomb la lumière du soleil subtil.

Prise d'épouvante, je secoue le portail dans l'espoir que son état de délabrement le fera s'ouvrir sans efforts, peine perdue ! mais, le talus menant à l'allée de pins séculaires, là où j'ai eu la faiblesse de m'évanouir au printemps, reluit bizarrement dans cette opacité grise engloutissant à une vitesse prodigieuse le sentier hérissé de cailloux, et les jardins rebelles.

La terreur poignante de l'inconnu me bouleverse, je perds pied au sein de cet nuage lourd et menaçant, sans réfléchir, j'escalade le mur en serrant les lianes qui me déchirent les mains, me suspend aux grilles, et,, par miracle, me faufile sur l'allée déjà obscure . Toutefois une faible lueur vacille vers la petite vallée, et des formes bougent autour de moi.

Cette fois, c'est la peur noire des compagnons d'Ulysse qui fond sur moi. Ne sachant plus que faire, que penser, qu'espère, qui invoquer, j'avance en aveugle, trébuchant et pleurant, Capri se mue en cauchemar éveillé, la maison ensorcelée m'a guidée vers un piège, je me sens trahie, victime d'une farce odieuse.

J'avance l'âme crispée, le cœur battant comme une cloche de bronze, mes nerfs blessés de frayeur, et me heurte à une sorte de roche avec tant de violence que la douleur la plus dense s'empare de moi.

Mon esprit chavire vers ces formes ondoyantes qui m'encerclent en agitant des écharpes tissées de brume, la lumière pâle rosit, et je vois soudain des femmes souriantes sous leurs voiles diaphanes, des femmes qui tournoient, qui s'amusent, des femmes qui ne me prêtent aucune attention....

Je semble ne pas exister face à cet aréopage de dames en blanc agitant leurs ombrelles d'un beau vert clair, babillant sur une pelouse jonchée de pétales de roses, de corbeilles d'oranges, de tissus miroitant sous les feux d'un astre aux rayons adoucis par les épaisses ramures.

Un théâtre grec au naturel se jouant devant les arches soutenant une terrasse somptueuse enrichie de statues, de bassins, de cascades de jasmin, une évocation de la vie quotidienne à l'antique d'après un tableau naïf … Mais, ces cris, ces appels, ces rires, ils résonnent au creux de la brise et se joignent aux chants mélodieux des oiseaux dans les branches, j'essaie de parler, de comprendre, d'interroger ces volubiles inconnues, on ne m'écoute ni ne m'entend, ces ombres du passé sont tangibles, moi, j'ai perdu ma réalité …

Voici que la plus âgée des dames désigne une déesse de marbre sous une arcade de pierre aménagée en nymphée et ,tout de suite, ses jeunes suivantes de combler cette noble Artemis au profil sévère, à l'harmonie classique et hautaine, de bouquets aux senteurs voluptueuse., Ce parfum puissant à l'extrême m'étourdit, et je perd connaissance.

La nuit m'enlève, puis le rideau de brume, et je me retrouve assise dans l'allée silencieuse sur l'herbe humide, les mains saignantes et la tête bourdonnante.

Ai-je traversé les siècles ou suis-je en proie à une fatigue nerveuse de forme grave ?

Cette maison abandonnée a le don de m'emporter si loin...

Mes mains effleurent la terre, et sous mes doigts engourdis, se dessine une tête de marbre verdi..

La maison veut me prouver quelque chose qui pour l'instant m'échappe.

Cette statue sortira de son jardin , je le jure aux esprits invisibles, mais, faible créature, j'ai froid et ne désire que la paix du foyer. Les vestiges antiques attendront demain !

Une heure plus tard, revenue sous le manteau angoissant du brouillard dans notre salon immaculé, je tente de faire bonne figure en rassurant l'Homme- Mari inquiet de la blessure qui marque mon front.

Au dehors, un silence étourdissant étreint Capri depuis le port jusqu'au sommet des pointes et des montagnes, les oiseaux se sont cachés à l'abri des cavernes fendant les falaises, la tempête s'annonce à pas de velours …

«Il y a une statue dans le jardin de la maison abandonnée, dis-je d'une voix tremblante, je l'ai touchée... mon Dieu ! la tempête se lève, pourvu qu'Henry soit resté à Naples ! »

Le portable siffle, pareil à un coup de fouet.


C'est Henry : « Je viens d'embarquer, tout les passagers se roulent déjà par terre, j'en ai vu d'autres,

ne vous inquiétez-  pas, par contre, nous allons danser sur le golfe …

 A tout à l'heure, enfin, j'espère ... »

 Et l'engin se tait devant deux parents accablés ...

A bientôt pour la suite de ce roman à Capri,

Nathalie-Alix de La Panouse ou Lady Alix



Vers le Faro sous la tempête: Anacapri
Crédit photo: Vincent de La Panouse


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