samedi 3 septembre 2016

L'art d'être le page adoré de Marie-Antoinette: Alexandre de Tilly



Alexandre de Tilly avait environ dix ans de moins que la reine Marie-Antoinette, mais son esprit alerte l'emportait sur celui de la plupart des courtisans rassis qui ne voyaient pas plus loin que les grilles de Versailles.
Page de la reine, beau comme Adonis ou Apollon, impertinent comme les demi-dieux qui se croient gâtés jusqu'à la mort  par leur bonne étoile, le jeune homme grandit à la cour de façon désordonné et rebelle.
Or, c'est un singulier paradoxe, ce page éduqué dans les secrets de "ce pays-ci", comme Versailles en avait le nom, ne fut en aucun cas dupe des grandes ou mesquines vanités, ne couvrit nul mensonges et ne tomba jamais dans l'avilissement vain d'une attitude courtisane.
Amoureux sans l'oser se l'avouer de la reine qui le traitait avec une indulgence maternelle, Alexandre parcourut de son côté les chemins de "la carte du tendre"; contrée où croissaient des rosiers bien peu défendus d'épines. Ce page était adoré et il savait recevoir avec une touchante candeur les fruits de ce cette adoration...
Toutefois l'étourdi et fantasque très jeune comte de Tilly osait dire tout haut ce que nul courtisan ne se serait aventuré à chuchoter sur les pelouses des jardins de Versailles. Ses mémoires retentissent du bruit assourdi des conversations de la reine, de la suave mélodie d'un menuet" discret, noble et doux comme l'accord de deux âmes", des baisers reflétés par le miroir placide des bassins, des appels des amants errant vers le Temple de l'Amour ou des cris de joie des pages venant d'accomplir une bonne plaisanterie et se gavant de friandises avant l'appel de leur gouverneur, le prince de Lambesc.
Au delà de ces tableaux animés illustrant d'exquises "fêtes galantes ", le page n'hésite pas à donner ses avis avec une franchise brutale.
A peine arrivé à Versailles, ce freluquet, sorti de son collège d'Alençon, se montre déçu par la réalité détruisant le monde fabuleux établi par sa fertile imagination. De sa plume à l'ineffable allure, nourrie de ce ton alerte et subtil qui signe les écrits de l'ancien-régime, Alexandre nous confie ce regret:
"Je ne fus étonné de rien. C'est le sort de tout ce que l'admiration a devancé, de laisser presque toujours l'esprit en deçà de sa chimère".
Les hommes l'étonnent par leur comportement fait de vanité et de froideur et passant sans cesse de la flagornerie à l'arrogance. Cet usage de cour lui déplaît profondément. Est-ce pour ce style d'éducation qu'on a exigé tant de lui et de sa famille afin de l'admettre au sein de l'école des pages ? Ne lui fut-il demandé de prouver une noblesse d'épée remontant à 1550 ? N'a-t-on examiné s'il était de "belle figure"? Et encore mieux grand, bien bâti et doué de bonnes mœurs ? Sans oublier la coquette somme de quatre cents livres payées d'avance durant chacune de ses années d'études ? Autant que le prix indécent requis par les grandes écoles de commerce à notre époque ! Les sacrifices aimablement consentis par les parents soumis en valaient-ils la peine ? La fierté assez naïve des gentilshommes de province à l'idée que leur fils fréquenterait la fine fleur des grands du royaume, et en tirerait profit pour son avenir, effaçait beaucoup de souffrances pécuniaires et compensait l'éloignement complet de leur enfant.
Alexandre compte bien sortir profiter au maximum des opportunités de toute sorte prodiguées par cette école qui se voulait celle de l'excellence, sa mission étant de donner la formation la plus soignée aux futurs officiers. En vérité, maîtres et gouverneur, qui n'était autre que le grand écuyer de France, des pages de la petite et grande Ecurie mettaient souvent à l'honneur le savoir-vivre plus que le savoir-penser.
Or, si on avait la chance de rejoindre les pages de la Maison de la reine, on entrait dans une confrérie de douze jeunes adolescents sur lesquels veillait Marie-Antoinette comme sur ses jeunes neveux. L'atmosphère s'en ressentait: les pages coulaient des jours paisibles entre quelques menus services, deux leçons d'escrime, trois de danse et des jours entiers consacrés à l''équitation. Alexandre décide de ne pas s'en tenir à si maigre aliment intellectuel ! le voilà se découvrant une passion solitaire pour le latin et la versification française, heureux et singulier mélange dénotant une intelligence brillante; et parfaitement méconnue... On ne souligne que ses défauts ! impulsif et volage, avantagé d'un physique de prince italien, (Alain Delon, héros du Guépard, aurait un air de ressemblance avec cet insupportable page !) Tilly tient autant de l'ange que du démon.
Fringant dans son habit de velours cramoisi, uniforme de gala des pages de la Chambre du roi, ce jeune  Alexandre, si séduisant, si dissipé voit tout, entend tout et juge absolument tout. A commencer par le roi. Il use à son sujet d'une description impitoyable qui remue le cœur:
"La présence du roi ne m'intimida pas; sa figure ne me tenait pas ce que je m'en étais promis; elle était simple et bonne, je l'aurais désirée caractérisée et majestueuse; ses regards étaient ceux d'un père qui fixe ses enfants; j'aurai voulu qu'on pût y lire:
Et s'il le fallait, je saurais vouloir, commander et punir."
Toute la chute de la monarchie est annoncée par les dures constatations d'un adolescent...
Ce page lucide et audacieux aime aussitôt la reine. Elle correspond à l'idéal sublime et candide que ce fils d'hobereaux de province s'est forgé de la plus célèbre image de la royauté. En homme bien élevé, Alexandre redoute ces fléaux mortels: l'ennui et le mensonge. Aussi, afin d'en éviter les affres autant à lui-même qu'à ses lecteurs, il nous prévient sans ambages:
"Je parlerai de la reine, quand ce qui m'est personnel en amènera l'occasion; je n'en parlerai pas comme les autres; je dirai ce que j'ai vu moi-même et ce que j'en ai recueilli par des autorités irrécusables. J'en dirai ce qu'on ne lit point dans les livres composés par des écrivains trop éloignés de ce théâtre ou par des furieux qui ont cru s'ennoblir en avilissant des grandeurs terrassées, ou enfin par des misérables qui ont rédigé des gazettes d'antichambre, que les gens de province, et surtout les étrangers ont trop souvent prises pour la vérité."
Comment ne pas se prendre d'affection envers ce page fidèle dont le caractère entier éclate de ferveur
en insistant sur le climat délétère environnant la famille royale ? La calomnie était, à l'aube des temps révolutionnaires, une lame de fond d'une violence inouïe orchestrée savamment par l'Angleterre et le duc d'Orléans; ce prince ne rêvant que de ceindre la couronne de son royal cousin...
Alexandre de Tilly en entrant au service de Marie-Antoinette ne se doutait bien sûr pas des tumultes à venir; il ignorait que les jardins de Trianon cachaient un abîme; le vertige de la solitude d'un couple royal incapable de rejoindre son peuple. Le gentil page inventait des pièces de théâtre mais n'aurait pu imaginer que le sang éclabousserait ce lieu enchanté où une douce folie des grandeurs déclencherait la pire des folies à visage humain.
Le bel adolescent pour le moment analyse d'un trait élégamment critique le pouvoir de séduction de la reine :
voici ses conclusions: Marie-Antoinette n'est pas ravissante, loin de là, mais elle en impose !
Ce qui vaut largement la banale joliesse. Oui, nous explique ce page, à la limite du crime de "lèse-Majesté", "elle avait des yeux qui n'étaient pas beaux mais qui prenaient tous les caractères; la bienveillance ou l'aversion se peignaient dans ce regard plus singulièrement que je l'ai rencontré ailleurs. Je ne suis pas sûr que son nez fût celui de son visage. "Ciel ! Avons-nous bien lu ? Le cruel Alexandre de poursuivre quand son lecteur est glacé d'effroi par tant d'outrages:
"Sa bouche était décidément désagréable; cette lèvre épaisse, avancée, et quelquefois tombante, a été citée comme donnant à sa physionomie un signe noble et distinctif; elle n'eut pu servir qu'à peindre la colère et l'indignation, et ce n'est pas là l'expression habituelle de la beauté."
Si la Bastille existait encore, nous irions de ce pas afin d'expier en compagnie du comte de Tilly ces mots peu gracieux ! le voilà qui se rattrape, pareil à un chat jouant au bord d'un gouffre.
Il était temps ! en dépit de certains désagréments, la reine possède quelque chose d'incomparable: sa façon ensorcelante de choir en une révérence de ballerine ! Le compliment est charmant, mais insuffisant... Alexandre obtient son pardon par une révélation: la reine n'est pas belle de figure, qu'importe, elle a un cœur de femme aimante. Aux antipodes des détracteurs de cette malheureuse Marie-Antoinette, qualifiée d'arrogante, d'égoïste, d'invétérée frivole, le page s'empresse de souligner l'essentiel; la reine est une bonne personne. Il s'évertuera à le prouver et l'émotion de ses écrits parfois touffus découle de cette source: la défense d'une reine victime d'un acharnement barbare et d'accusations inspirées par une haine délirante. Ce qu'il comprend tout de suite, à quatorze ans, reste gravé en lui à jamais.
Marie-Antoinette montre à ses pages souvent écervelés et turbulents, une "bienveillance pleine de dignité, mais qu'on pouvait appeler maternelle, en ce qu'elle y joignait une politesse affectueuse qui la rendait, s'il était possible, plus respectable, en la faisant encore plus aimer."
Alexandre accumule les sottises, fugue à Paris, mélange les amours et se fait tancer par la reine inquiète des dépenses de cet adolescent décidé à suivre la mode. Rien de très nouveau sous le soleil baignant le chantier du hameau merveilleux que le patient architecte Richard Mique fait surgir de terre à la façon d'un tableau agreste. Une tante ou marraine attentive gronde un neveu ou filleul à la tête légère et au cœur chaud. Seul Alexandre ranime la voix tendre d'une la reine essayant d'être sévère; on croit entendre Marie-Antoinette, naturelle et précise, élégante et déterminée. Cette parole touchante revient ça et là; au fil des menus dialogues scrupuleusement rendus, délicatement enchâssés, à l'instar de rares pierreries, dans les récits des bonnes fortunes ou les raisonnements philosophiques entassés au sein de ces inclassables chapitres.
Fermons les yeux, abolissons la blessure des siècles; un air pur, chargé d'effluves parfumées, roseaux à l'odeur saine et poivrée, herbe verte à peine coupée, senteurs vivaces que notre époque, alourdie de pollutions variées, ne charrie qu'avec peine, accompagne notre promenade sur les rives d'un étang peuplé de cygnes. Autour de nous on s'affaire, on monte des murs, on trace un chemin, on plante et on salue, chapeau bas, la dame habillée de mousseline blanche, qui conseille à son page, en esquissant un sourire maternel:
"Soyez vêtu plus simplement, depuis quelques jours, voilà déjà deux habits brodés; votre fortune ne vous suffira pas, si vos goûts l'excèdent."
Penaud, Alexandre s'incline, rouge comme la crête d'un coq; il essaie de faire diversion en offrant une fleur sauvage à la reine, lui désigne d'une moue amusante un ouvrier en train de boire un pichet de vin; hélas, la leçon de morale ne s'arrête pas pour si peu:
"Pourquoi cette coiffure ?" Alexandre se touche la tête en affectant une mine incrédule et confuse !
l'éventail de la reine caresse sa joue: il suffit ! et le sermon de reprendre: "Allez-vous à la comédie ?"
Alexandre s'incline à ramper au sol, "Non !" chuchote-t-il en feignant la contrition.
La reine se lasse: " la simplicité ne fait pas qu'on vous remarque, mais elle fait qu'on vous estime" conclut-elle avant de s'éloigner de sa démarche "balancée"...
Est-ce le discours d'une femme dépensière jusqu'à la manie furieuse ? Les caprices de l'adolescente, la petite Dauphine irréfléchie, délaissée par un époux qui n'avait que fort peu à lui dire, avaient fui depuis longtemps. Marie-Antoinette devenue mère de deux enfants étendait son affection et sa générosité à tout son entourage. Si seulement elle avait réalisé que la France attendait sa reine hors des grilles de Versailles...
Malgré ses dévergondages, Alexandre reste un confident. La reine apprécie sa bonne humeur et son absence de fausseté courtisane. Elle n'hésite pas à se montrer à lui bouleversée par le mauvais accueil que lui réserve le public à l'Opéra. Le court échange entre le page gêné et la souveraine les yeux noyés de larmes est un instantané saisissant de vérité. L'amour entre la France et sa reine a disparu sans que celle-ci  puisse lutter:
"Pourquoi ais-je été à peine applaudie ? demande anxieuse Marie-Antoinette
Que leur ais-je fait ?
Alexandre tente de minimiser un incident dont la portée lui apparaît fort grande...
-Je n'ai pas remarqué que la reine...
Marie-Antoinette n'est pas dupe:
-Il est impossible que vous ne vous en soyez pas aperçu... au reste, en vérité, tant pis pour le peuple de Paris: ce n'est pas ma faute.
Le page cherche alors à rassurer la reine autant qu'à calmer ses propres doutes; Marie-Antoinette écarte d'une réplique les minces arguments de son chevalier...
Celui-ci se lance dans une phrase un peu trop précieuse pour convaincre la reine blessée
-Votre Majesté attache trop de prix à ce qui peut n'être que l'effet du hasard et d'ailleurs, si la reine me permet de le dire, dans un rang aussi élevé que le sien, il ne faudrait s'affliger que du bien qu'on ne fait pas, et du mal qu'on ne peut empêcher.
-De très belles phrases pour un étourdi ! mais quand on n'a rien à se reprocher... cela fait bien mal !"
Cette tristesse n'est nullement une pose, la reine aurait désespérément voulu être aimée des français, son drame est de ne jamais avoir osé découvrir son pays, à la rencontre de son peuple, d'avoir suivi trop tard les sincères conseillers, d'avoir négligé l'âpre rôle de la calomnie déclenchée avec une telle bassesse contre ses faits et gestes les plus innocents.
Alexandre de Tilly intervient encore afin  plaider en faveur d'une Marie-Antoinette accusée à tort de "liaisons dangereuses ". A la grande interrogation habituelle et assez lassante des esprits froids et mesquins ou des âmes emportées par un romantisme de pacotille, il répond, lui qui savait ce que dérobaient les portes menant aux appartements privés de la reine, par la simple vérité vécue au jour le jour.
D'abord une mise au point essentielle qui brise net les soupçons haineux:
La méchanceté publique propose une liste interminable d'amants supposés à la pauvre reine, mais, ces détracteurs ignorent les contraintes de la vie de cour:
"Pauvres gens ! se persuader que si une reine de France avait eu ce penchant irrésistible à la galanterie, elle eût pu l'assouvir au travers de son rang et de cette involontaire mais continuelle surveillance de la cour, ou de son service intérieur ! la plus habile des courtisanes, portée au trône eût échoué dans un tel système; elle eût été forcée d'apprendre la sagesse."
La reine n'avait ainsi nul amant, mais peut-être un secret...
En 2016, le nom d'Axel de Fersen évoque un attachement chevaleresque que seule la mort rompra. La reine en traçant sa lettre d'adieu avant son exécution avoue en filigrane la tendre ferveur l'unissant au fidèle qui a tenté de la faire évader et qui, en dépit de la foule de ses amantes, n'a cessé de l'aimer:
"J'avais des amis, écrit-elle; l'idée d'en être séparée et leurs peines sont un des plus grands regrets que j'emporte en mourant..."
A l'heure suprême, le cœur se noue à l'âme, seul s'échappe le chant pur de la vérité. La reine disait tout en ne disant rien. Sa pudeur, le sentiment de l'honneur qui la faisait se tenir droite et fière au milieu des immondes vexations, des accablements inhumains, lui interdisaient un ultime appel. Ses pensées s'envolent au delà du temps et de l'espace, et à ce moment de délire tragique, Axel de Fersen est comme touché par cette grâce intangible. L'écrivain Stephan Zweig a été le premier à réaliser cette miraculeuse intuition du "plus aimé et plus aimant  des hommes ".
Fersen écrit à l'unisson, durant cette même nuit éternelle, confiant à son "journal" que:
"c'était sa plus grande douleur de penser que dans les derniers instants elle était seule, sans la consolation d'avoir quelqu'un auprès d'elle..."
Tant de choses ne cessent de se répandre depuis ces effroyables événements, tant de romans, de révélations, de lettres exagérément décodées, toute cette agitation stérile pour apprendre à la postérité l'existence d'un lien si évident qu'il se pare encore aujourd'hui du plus étrange clair-obscur.
Alexandre écarte d'une main exaspérée cette écume vulgaire. Il lève un coin du voile avec une délicatesse infinie. Ce comte de Fersen, nous murmure l'ancien page navigant sur la mer tourmentée de ses souvenirs, c'était avant toute autre considération un homme doué d'une puissance de séduction extraordinaire:
"C'était un des plus beaux hommes que j'ai vus, quoique d'une physionomie froide que les femmes ne haïssent pas quand il y a l'espérance de l'animer; je ne crois pas qu'il eut un esprit bien distingué, mais ce qu'il en avait lui servit à se conduire avec calme et mesure dans la situation difficile à laquelle il arriva"
Beau et bête ce splendide spécimen de gentilhomme du nord de l'Europe ? Un emplâtre bon-chic-bon-genre que ses airs glacés auréolent d'un mystère n'existant que dans la romanesque imagination de ses amoureuses ou amantes  l'adulant en foule ? Alexandre de Tilly souffrirait-il d'une élémentaire jalousie ? Son jugement assez dur sur ce personnage principal du plus incroyable des romans historiques s'adoucit ensuite, ce qui nous rassure un peu ! Ce comte de Fersen était un parfait rejeton de la vielle-Europe:
"Il aimait la musique, les arts et une vie tranquille."
Si la reine l'aimait, Axel de Fersen se laissait-il aimer, lui qui en avait tellement l'habitude ?
Pauvre reine ! sans doute se doutait-elle que, même au moment de son "exil" au palais des Tuileries,
alors qu'elle vivait environnée des périls, le froid Fersen ne dédaignait nullement les torrides faveurs d'une femme fatale irlandaise, Lady Crawford, dont l'époux fortuné allait financer la désastreuse fuite de la famille royale ? Fermait-elle les yeux ou pardonnait-elle par excès d'amour ?
Ou tout simplement, ne demandait-elle à son chevalier au caractère envahi de neige que ce qu'elle pouvait recevoir: un sentiment plus qu'une liaison ?
Que nous laisse comprendre Alexandre, témoin majeur de cette invincible tendresse ?
La fermeté de l'homme exilé, tout désabusé et nostalgique qu'il soit devenu, rejoint la ferveur du page d'autrefois. La reine, admet-il avec mélancolie, a bien éprouvé les joies et les tourments d'une passion qui jamais n'a altéré sa vie privée ni ses devoirs publics. A quoi bon fouiller de façon indiscrète et mesquine dans les replis de ce destin si contrasté ?
Enfin, conclut le page fidèle: "les dernières années de cette illustre victime ne suffisent-elles pour l'absoudre devant le ciel comme devant la postérité ?"
Un autre amoureux de Marie-Antoinette, l'historien Pierre de Nolhac, insiste également sur le rôle dévoué du Comte de Fersen, officier et diplomate suédois, agent secret du couple royal et son soutien sans limites pendant la Révolution. Amant, peut-être  le "beau Fersen", chevalier  d'une reine déchue, guettée par l'ombre de la mort, assurément...
Alexandre de Tilly a laissé une espèce de manuel du savoir-séduire à la fin du XVIIIéme qui se consulte avec un vif amusement doublé d'un léger agacement. Mais on pardonne ses chapitres pleins de forfanterie juvénile ou de bavardages mondains à cet artiste du beau langage. Comment résister à ses phrases prestes ranimant les remous de ce pays de Versailles trop beau pour perdurer ?
Rendez-lui vie: lisez -le !
A bientôt !

Lady Alix




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