vendredi 19 août 2022

Palais blanc à Anacapri : "La maison ensorcelée" chap XII

Roman à Capri

La maison ensorcelée

 Chapitre XII 

 Palais blanc à Anacapri

L'insaisissable promeneur au Panama cherche-t-il  à nous aider ou à se mêler de nos affaires ?

 Je commence à avoir des doutes il semble désirer à la fois bous guider et à nous perdre !  si je reviens demain à la maison abandonnée, cela sera pour ce pauvre chat qui s'est évanoui comme un esprit de l'air dans le jardin sauvage.

J'avais donné à l'inconnu au Panama démodé le vague espoir d'un rendez-vous dans le jardin abandonné ; or, c'était un odieux mensonge ! malgré son charme insolite, et son allure indéniable, l'inconnu commençait à irriter mes nerfs avec sa manie de se matérialiser par caprice pour s'évanouir dans les jasmins et genêts avec la subtilité d'un feu- follet.

 Que signifiait son implacable : "Je sais tout ? "

Quels vastes et sombres desseins ourdissait- il ?

Le moment n'était plus aux interrogations, mais à l'action. campé sur le trottoir opposé, agitant la main dans un élan fiévreux, notre futur propriétaire nous guette déjà sous la protection de deux ravissantes femmes dont les plantureuses charpentes sont moulées dans des uniformes impeccables.

 Le visage un peu tendu de l'Homme- Mari rayonne comme le soleil à son zénith !

" Quel pays ! Il n'y a que sur cette île que l'on rencontre des Carabinières aussi séduisantes que des jeunes filles en fleur ! "

Cette exquise référence littéraire a bien sûr le don d'aggraver considérablement mon humeur tourmentée !

"C'est un hasard, et ce gentil propriétaire semble trop aimable pour être honnête, méfions- nous, n'oublie pas que les gens d'ici voient défiler tous les peuples de la terre, ils n'ont aucune raison de se montrer indulgents. Si cette maison nous plaît, son prix de location va bondir ! Restons froids et courtois, ne montrons aucun sentiment ... "

Trop tard ! l'homme- mari se répand en remerciements et compliments auprès des superbes Carabinières qui du coup s'inclinent, peut-être se prennent- elles pour des Vestales ou Bergères saluant deux Patriciens conviés aux fêtes de Capri par l'empereur Auguste.

L'heureux maître des lieux s'incline avec entrain et s'écrie dans un français fleuri : 

"Je suis si content, si ému, je sens que vous aimerez notre maison, nous y tenons beaucoup, mais elle ne plaît qu'aux personnes sensibles et stylées, celles qui préfèrent le romantisme et les belles vues, et le parfum du jasmin... venez, c'est au bout de la voie privée."

L'Homme- Mari adore le romantisme et le parfum du jasmin, toutefois cette charmante entrée en matière calme ses ardeurs déployées à l'égard du comité de surveillance. 

Je suis vengée ! et mon humeur grise passe au rose ! d'autant plus que se déploie la façade d'une Villa immaculée, sculptée de volutes, cernée de festons, ouvragée à l'instar d'un joyau : cette caserne frappé du sceau du romantisme absolu n'a rien de militaire.

Ses hauts murs ondulent comme un chat faisant le gros dos, et le moindre de ses recoins biscornus se pare des frous-frous, balustres et balcons, arcades et fenêtres orientales à la mode de la Belle Epoque. C'est la grâce d'un art de vivre voué à la plus harmonieuse extravagance qui s'offre à la caresse du soleil et à la brise tombant du monte Solaro.

 Nous étions voici deux minutes plongés au sein du vacarme de la via Caprile, nous entrons dans la cour d'un ermitage agreste ombragé par une kyrielle de jardins odorants protégés par une cour où trône un arbre touffu dont le nom nous échappe.

« Un érable, crois- tu ? »

« Impossible ! Les feuilles sont trop pointues, je n'ai jamais vu pareille splendeur, et ce n'est que la cour ! »

Le propriétaire comprend que la partie est quasi gagnée, avec un sourire contagieux, il se présente : « Antonio ! »

Puis ajoute d'un ton aimable :"Castagno !"

"C'est un châtaignier ! et il a la réputation de porter bonheur si je ne m'abuse ? "

"Cara Signora ! tout ici porte bonheur, nous sommes à Anacapri ..."

Nous nous inclinons avec empressement cette fois afin de prouver notre engouement subit envers Anacapri, village drapé dans ses nuages, et notre admiration intempestive face à une blanche maison qui ne dispose peut-être  que d'humbles matelas.

Nous n'en demanderons pas davantage! l'esprit du lieu vient de nous conquérir, comment ne pas être heureux et en paix, à l'ombre du Monte Solaro, ce grand et bon génie du divin rocher ?

Les rocs glacés d'argent rougissent sous les feux du soleil ; la lumière fauve glisse en avivant le vert profond des bouquets de pins, un fil hasardeux de maisons aux toits arrondis dégringole des pentes hardies . Au creux des vergers bougent  doucement les guirlandes de vignes étreignant les colonnes hiératiques. Rêveuse dans le soir approchant, l'antique vallée de Caprile écoute la mélopée sereine de la mer immobile sous ses frissons bleu- ardoise.

J'oublie que je suis censée être une mère dévouée, une épouse aimante, en tout cas une personne douée du plus élémentaire bon sens. 

Ma vie raisonnable, ancrée dans ses corvées, devoirs et autres certitudes ne pèse pas plus qu'une plume de mouette! je plane comme un souffle d'air sur les nuages d'or pâle et la brume d'améthyste qui chatoie entre la mer blessée par l'astre tombé en ses abysses et les yeux ouverts des cavernes montagneuses.

Cette maison  robuste, mais si délicatement ornée, accompagne le fil fragile sur lequel dansent mes souvenirs d'un temps révolu, celui si confus de ma vie antérieure où flotte l'ombre d'un inconnu qui me fut plus cher que l'étoile du soir.

Le jeune peintre Kopisch serait-il le lien entre ces fragments éparpillés entre la Grotte Bleue et les plus bizarres villas d'Anacapri ? J'écoute à peine le charmant Antonio qui explique des choses sensées à propos du ramassage des déchets et du maniement du four à l'Homme- Mari concentré et étonné.

 Nous voici sur l'impeccable pelouse baignant les murs blancs, l'escalier immaculé aux balustres classiques, et un buisson de jasmin d'une ampleur remarquable. C'est une délicate sonate en blanc  majeur !

Au delà des marches, la porte blanche, cela va de soi nous est ouverte sur un nuage de blancheur: blancs sont les murs, blancs les sofas, blancs les carreaux pavant le sol, mais des gravures de Capri aux jolis dessins surannés et une table en noyer reposent nos yeux perdus dans ce nuage parcouru des délirantes effluves montant du jasmin surchauffé.

Antonio nous observe, inquiet et nerveux, son sourire se crispe, ces Français vont-ils trouver cette partie d' un ancien Palazzo édifié par l'architecte le plus célèbre de Capri, l'ami et le complice des riches excentriques du Grand Tour à leur goût ? Il se répand en excuses dans son délicieux français.

« Oui, pas d'appareils modernes, cela évite une trop importante consommation , l'électricité atteint des sommets sur l'île, mais vous bénéficiez de trois vues, une sur la montagne, l'autre sur la vallée et la dernière sur la mer, et deux salles de bain, blanches des douches au plafond, et des livres anciens sur l'histoire de l'île, et si vous aimez l'art, ah, parfait, la Signora sera fascinée par ce tableau entre les fenêtres de la tourelle, vraiment une rareté, une vision de s temps anciens avec un gentilhomme sur la terrasse .Sans doute un ami de l'artiste qui devait lui aussi aimer Capri à la folie. 

Un de mes ancêtres, cela fait deux siècles environ, dans son enfance a eu la chance de les connaître tous deux, mais je ne me souviens pas de leurs noms. Mon ancêtre, un enfant joyeux, sut créer des liens d'amitié avec  eux, et la surprise fut de recevoir ce tableau en guise de cadeau d'adieu du peintre, un don magnifique à un petit garçon, fils d'un aubergiste  ! vous rendez-vous compte !

Et je l'ai laissé à cette place, il n'a pas bougé depuis que mon grand-père a réussi à acquérir une petite partie de ce Palazzo. La maison est très ancienne, elle a servi de caserne, c'est vrai, et maintenant nous sommes plusieurs propriétaires à nous la partager. Toutefois, elle date de la découverte de la Grotte Bleue, et son premier propriétaire y mena une existence brillante, recevant des invités parfois royaux ou princiers, et aussi des écrivains, et de très belles femmes, à force, il mit du désordre dans sa vie, vendit sa maison à la municipalité d'Anacapri, et quitta l'île pour la Prusse où il avait encore un château au bord de la mer Baltique, il y mourut de mélancolie pauvre homme ! 

Quant au gentilhomme, du tableau et à son ami, cet artiste si apprécié pour son immense bonté par les gens de l'île, ils disparurent un beau jour. Le peintre rentra chez lui, dans un pays du Nord et il eut beaucoup de gloire grâce à ses vedute de Capri. Du moins, c'est que racontait mon grand-père...

 L'autre, le gentilhomme, bien  plus âgé, on le disait sans patrie, selon la légende il venait d'un pays de montagnes, aimait la solitude, et parlait en Italien avec des mots français, latins, grecs, allemands et parfois anglais ! allez donc deviner d'où il sortait! Peut-être de l'armée de Murat ? Certains soldats et officiers n'ont jamais quitté l'île après la fameuse bataille de Capri en mille huit cent huit .. 

En tout cas, il n'a pas eu de chance, il aurait réuni une collection de peintures magnifiques dans sa maison de Caprile, hélas, ces belles œuvres auraient disparu, les unes après les autres, emportées par des marchands rapaces, des touristes fortunés, des faux amis avides.il fallait bien vivre !

  Pauvre gentilhomme , cela a dû lui briser le coeur.. Grâce au Ciel et à sa propre ingéniosité, il aurait gardé dans une cachette sûre, une cave voisine du couvent de Santa Chiara, à Naples, le fleuron de sa collection. une tête de Sybille de l'auguste main  du fameux peintre Guido Reni.

Souhaitons- le pour lui ! de ce tableau aussi, nul n'a plus jamais entendu parler.

 Il resterait encore un trésor, j'ignore de quoi il s'agit, dans le jardin de sa maison abandonnée qui fut construite sur les vestiges d'une Villa romaine. Une belle maison , presque aussi belle que la Villa San Michele,  mais plus modeste, plus simple, très romantique !  maintenant en ruines, pas très loin de la maison de la reine de Suède... quel dommage ces antiques maisons qui finissent  parfois en tas de pierres dans les endroits négligés de l'île ...  

Ce tableau  le représentant à l'époque où il était encore jeune et heureux, est revenu à sa première place, ici, entre ces fenêtres, et ce après bien des vicissitudes ; en homme de parole, mon grand-père s'était juré d'honorer de cette manière la mémoire de notre donateur lointain, le peintre, et de son ami inconnu  qui aima tant Anacapri .»

« Bien, c'est une belle histoire, dit l'Homme- Mari, quoique un peu embrouillée, ma femme va adorer jeter un œil sur cette œuvre, elle ferait des kilomètres pour un tableau ! vous me disiez que pour allumer le gaz, il fallait pousser cette manette ? »

Je m'approche lentement, très lentement de la tourelle au bout de la vaste salle, entre deux de ses trois hautes fenêtres un tableau scintille comme éclairé de l'intérieur.

 Il en émane une sérénité qui imprègne toute la maison, une douceur en bleu, en blanc, en vert, je ne distingue rien, puis, un faisceau de lumière se précipite par la fenêtre donnant sur la mer.

 Le tableau reprend vie comme pour me souhaiter la bienvenue !

Je pousse un cri, et l'Homme- Mari s'exclame : 

"C'est la maison d'en bas ! décidément, elle nous poursuit ! comme elle avait de l'allure, les statues de diane et d'Apollon resplendissaient ! qui était cet homme accoudé sur le balcon ? J'ai trop d'imagination sans doute, mais, je lui trouve un air de famille avec … Théodore ! »

 Une fenêtre claque frappée part un vigoureux courant d'air tandis que résonnent des pas précipités:

« Oui, Théodore ! le fils que vous avez oublié ! Je m'en doutais, cette île exerce une étrange influence sur les gens sensibles, on devient fou ici ! heureusement que les gendarmettes ont compris qui vous étiez, elles m'ont laissé entrer sans craindre un mauvais coup. 

Bravo ! cette maison est mille fois mieux que l'autre , mais avons-nous le temps de rester ici ? Moi je repars après-demain, et vous ? »

Un grand blond aux cheveux en bataille nous interroge de ses yeux bleus très en accord avec l'azur noyant l'île du matin au soir. 

C'est notre fils aîné, notre prodigieux voyageur, notre intrépide, imprévisible et lunatique fils adoré, capable d'inventer sa vie et de retomber sur ses pieds à l'instar d'un félin.

 Il s'élance afin d'embrasser sa mère, aperçoit le tableau et recule de surprise :

« Mais c'est moi, ou cela sera moi dans dix ou vingt ans si je me laisse pousser la barbe, qu'est-ce que je fais entre ces colonnes, à surveiller un chat du haut de cette terrasse ? Aurions- nous de la famille sur l'île ? Giulia m'a déjà dit que toi et moi nous avions dû vivre ici; dans la rue, les gens me sourient comme s'il se souvenait de moi qui n'aie jamais mis le pied sur ce rocher fleuri. Même le chauffeur de taxi m'a offert le tarif des résidents ! Et je n'ai pas refusé, vous pensez bien ! »

Nous contemplons la maison blottie entre ses colonnes sur lesquelles s'enroule une branche de laurier rose; deux statues élancées et noblement décaties, Artémis, flanquée de sa biche, et son frère Apollon montent la garde à chaque extrémité de la longue terrasse dont les balustres étincellent sous la lumière franche d'un matin d'été.

 Le ciel s'étend comme une vaste mer d'un bleu profond tirant sur le violet, sa pureté surnaturelle se reflète dans les yeux du gentilhomme à la figure de Théodore qui, le visage mangé d'une barbe blonde, se courbe vers son jardin où dort un chat roux à l'ombre d'un jasmin en fleurs.

«  Je me demande s'il existe encore, pas le chat, ce jardin touffu, j'ignore pourquoi mais cet endroit a le don de vous calmer les nerfs, voilà le style de maison que vous devriez acheter si par miracle nous déterrions un trésor dans les ruines d'une de ces Villas antiques, Giulia y croit, surtout à Damecutta que nous visiterons demain, juste avant que vous ne preniez un verre avec ses parents, vous vous souvenez du rendez-vous au moins ? Que se passe-t-il ? Maman a l'air toute chavirée et votre loueur me considère comme si je venais de tomber de la lune... »

Antonio sourit tde plus belle.

"C'est le destin... Je suis très heureux même si tout cela est si étrange.

 Tant pis si vous ne sortez pas les poubelles, ajoute- t- il, je m'en chargerai ; voilà les clefs, elles sont neuves et forcent un peu, mais la maison peut rester ouverte, vous savez, avec les Carabinières , vous êtes protégés !"

Antonio nous tend alors un jeu de clefs et nous perdons définitivement la tête, nous voilà en train de réserver cette partie de palais sans l'avoir visité, uniquement par caprice ! sur les hauteurs, l'île apaise à l'instar d'un ermitage, ses secrets sont palpables et ses parfums entêtants, ses vergers opulents, ses touristes discrets ou fugaces, et une maison abandonnée porte désormais le cadenas que nous lui avons offert.

Comment quitter Anacapri ? Nous sommes ensorcelés ...

« Nous resterons juste trois ou quatre jours, mais reviendrons en octobre, et en décembre, tranche l'Homme- Mari, explique à ce monsieur que nous lui préciserons nos dates le plus vite possible, s'il est d'accord, j'enverrai un virement, tu connais le mot virement en italien ? »

Je me souviens au vol du mot et traduit nos impérieux désirs.

Antonio nous dévisage avec un intense ahurissement, personne ne songe à réserver en hiver !

 D'ailleurs le chauffage ne fonctionne pas, à la rigueur un radiateur électrique, la cheminée est bouchée depuis longtemps, ne craignons- nous de mourir de froid ? Je m'empresse de le rassurer, amusée devant son expression accablée; nous avons l'habitude d'endurer le froid au point de mettre un manteau chez nous à partir de début novembre, notre vielle maison est le royaume de l'humidité glaciale, les courants froids jaillissent de chaque recoin, les pièces sont mornes, et nous survivons grâce à une cheminée alimentée par le bois mort du jardin … il nous est même arrivé d'y brûler une table un jour particulièrement horrible ! 

« Dio mio ! je dois vous apprendre une chose : la température descend parfois jusqu'à neuf degrés en plein hiver, les nuits sont interminables et le bateau unique ne passe plus pendant quinze jours, nous sommes seuls avec notre île, et les soirs de tempête, la légende affirme que les Faraglioni s'aplatissent sur les vagues, et reprennent leurs formes de Sirènes dévoreuses d'hommes ...

 Voulez-vous vraiment supporter ces inconvénients ? »

Ni l'Homme-Mari, ni Fils Aîné n'ont saisi le sens terrible de cet avertissement !

« Que dit-il ? La maison serait- elle retenue par des Américains ? »

J'élude dans un sourire , et me contente de promettre notre bonne volonté au cœur des tempêtes et l'envoi d'un virement. Antonio essaie de rester optimiste, le mois d'octobre oscille entre averses et soleil, l'air est délicieusement frais et les promenades charmantes, la Migliera merveilleuse le matin et si proche, vous sortez, et prenez la venelle qui s'ouvre juste à gauche, devant le restaurant, une petite montée, rien de méchant et vous avancez vers la plus magnifique vue de Capri.la ferme sur le chemin de la montagne est un très beau lieu , et vous y dînerez un soir, les coqs confondent parfois la nuit et le jour, que voulez-vous, la campagne ne se maîtrise pas!

Donc, vous quittez la maison après-demain ? Je vous fais un prix, c'est la première fois que je loue, sans doute ai-je oublié beaucoup de choses, vous aurez la gentillesse de pardonner l'inconfort, j'y remédierai la prochaine fois, laissez les clefs sur la table le matin de votre départ et à bientôt ! « 

La porte se referme doucement, un silence sépulcral nous fige tous trois, puis un cri brise notre envoûtement bizarre, « Léon ! Léon ! « C'est le paon ! notre compagnon à étrangler ! pour mieux montrer que la nature reprend ses droits, des miaulements hystériques percent nos tympans, une rixe féline s'allume sur la tonnelle en contre-bas, d'épais nuages encerclent le Monte Solaro et la nuit s'abat sur la mer d'étain poli. Nous aussi sommes maintenant seuls à Anacapri ...Loin du théâtre du bourg de Capri, isolés face à la part indomptée de l'île ...

« Nos sacs ! nos affaires ! tout est dans l'autre maison ! »

« Mais non, dit Fils Aîné, j'avais prévu toute l'histoire.

Giula avait pressenti que vous n'auriez plus envie de descendre d'Anacapri, les sacs sont rangés sur l'escalier, et j'ai averti la bonne femme curieuse qu'un imprévu nous obligeait à une embarcation immédiate sur le dernier Ferry ce soir !"

 Le bourdonnement  du maudit portable achève de m'épuiser, une voix babille en italien, épouvanté, l'Homme-Mari me tend l'engin, et je m'évertue à bredouiller une phrase vaguement intelligible. L'accent de mon interlocuteur m'égare, l'autre du coup utilise un français pittoresque, puis un anglais épouvantable, je n'en peux plus et je le dis en italien !

« J'ai les clefs de la maison et celle de votre cadenas, articule alors la voix heurtée, demain à mezzogiorno, une visite et les explications, va bene ? »?

« Tutto bene ! »

« Qui était- ce ? » s''enquiert l'homme- mari pendant que Fils Aîné prend possession de sa chambre en pestant contre les chats belliqueux emplissant la suavité vespérale de leurs hurlements démoniaques.

« Je n'en sais rien, mais demain, on nous attend avec les clefs de la maison d'en bas ! n'est-ce pas un signe du destin ? tant pis pour l'homme au Panama vieillot, qu'il nous laisse libres de nos actes ! »

" Je n'en peux plus de ces histoires de gentilhomme et autres olibrius sans doute inventées en notre honneur, d'abord un vin blanc d'Anacapri dans le restaurant le plus proche, le destin attendra...." riposte l'Homme-Mari avec une sagesse remarquable.

A bientôt pour la suite de ce roman à Capri,

Nathalie-Alix de La Panouse ou Lady Alix



Blanc Palazzo à Anacapri,  île de Capri
Crédit photo;  Vincent de La Panouse

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