samedi 1 juillet 2023

Au Palais de Capodimonte "La maison ensorcelée" chap XXXI



Roman à Capri

« La maison ensorcelée » Chapitre XXXI 

Imbroglio au Palais de Capodimonte

Dans les bons romans, ces solides romans pareils à de robustes monuments de papier, les intrigues les plus hasardeuses, les amours les plus impossibles, les cœurs les plus ravagés s'avancent vers un heureux dénouement sans dévier d'une route tracée à la serpe, la faux ou le râteau par un habile inventeur.

Hélas ! La vie est un torrent qui vous emporte et vous enlève corps, biens et âme à vos grandes espérances, en ne vous laissant qu'une photo surannée ou une lettre couverte d'une écriture illisible en guise de piètre consolation. Combien d'années seront-elles nécessaires afin de que ces débris ne vous lassent ? Un flot d'amertume coulera sous les ponts de votre chagrin, et soudain un jour, l'insignifiance de ces reliques vous frappera au visage. Vous n'éprouverez plus rien et cette privation de sentiment s'avérera encore pire.

Verlaine lui-même chanta ce vide de toute son aérienne mélancolie :

« Un grand sommeil noir

Tombe sur ma vie 

Dormez, tout espoir,

Dormez, toute envie !

Je ne vois plus rien,

Je perds la mémoire

Du mal et du bien...

O la triste histoire ! »

Ma mémoire m'envoie ce matin cette chanson de pluie qui s'accorde si mal avec ce pays où la moindre averse éveille les fleurs et ranime les parfums des orangers :

« Il pleure dans mon cœur

Comme il pleut sur la ville ;

Quelle est cette langueur

Qui pénètre en mon cœur 

Ce deuil est sans raison.

.......................................

C'est bien la pire peine

De ne savoir pourquoi

Sans amour et sans haine

Mon cœur a tant de peine ! »

« Mon cœur a tant de peine » dis-je à haute voix et à ma grande honte.

D'où vient ce malaise lancinant, cette obscurité, cette détresse sans fondements ?

J'erre au sein d'un rêve et cherche un monde qui n'existe plus.

Que fais- je ici au Palais de Capodimonte, en compagnie d'un tableau qui aurait peut-être appartenu à un lointain ancêtre, au temps où à Capri, la Grotte Bleue, tirée de son paisible oubli, prodiguait ses éternels enchantements aux peintres et poètes sidérés, sous l'égide bienveillante du gentilhomme- aubergiste Pagano ?

Pourquoi suis-je lancée sur les traces d'un homme invisible à Capri ?

Quelle importance sentimentale ce fantôme capricieux autant que la météo de son île eût-il pour moi à une époque largement révolue ? Sans doute nous sommes- nous rencontrés au temps de l'âge mûr de mon ancêtre, exilé volontaire vers mille huit cent vingt, après la chute de Napoléon, dans sa maison édifiée au cœur de la vallée de Caprile sur les ruines d'une Villa Romaine...

Ce qui est bien le comble de la banalité sur l'île divine.

Pourquoi ai-je dans les mains un tableau certainement dénué de valeur et venu à moi de façon à me faire soupçonner d'un larcin scandaleux ?

Pourquoi surtout cette maison décatie, au portail enguirlandé d'arabesques rouillées d'un vert défraîchi, m'inspire-t-elle tant de passion  depuis l'instant où le hasard (principe qui n'existe pas à Capri) nous a mis l'une en face de l'autre au travers de son jardin sauvage ?

Ces interrogations disparates me plongent dans un bouleversement perpétuel que je m'efforce de renier. Je ne cesse de me mentir ...

J'affecte de prendre ces aventures capriotes avec un naturel confondant, mais mon désarroi est si grand que je ne sais plus trop qui je suis, perdue entre deux mondes, sur une île dont les paysages austères d'autrefois se superposent à la réalité.

Je vois sans cesse une autre Capri, comme si ma vie antérieure voulait me reprendre et effacer celle que je suis obligée de vivre.

Suis-je en train de perdre la raison ?

Je ne rencontre plus l'Homme au Panama désuet, m'aurait-il abandonnée après notre pèlerinage à la Cetrella que selon ses désirs je devais accomplir seule ?

Vais-je retourner en France en ayant perdu le fil d'Ariane qui me liait au passé? J'ai peur de me l'avouer, mais ce fantôme agaçant me manque à l'instar d'une personne jadis aimée, serait-ce une émanation de l'île, un fantasme un être crée par mon imagination ?

Ou tout simplement, l'incertaine présence de quelqu'un que deux siècles auparavant peut-être, j'ai aimé et dont je me souviens ?

En proie à une profonde et inutile nostalgie, je tente d'atteindre un détachement artificiel dans un salon éclairé de boiseries parsemées d'or. Par une fenêtre majestueuse, la vue sur la baie de Naples emplit le cœur de stupéfaction. Rien ne se peut comparer à ce cristal soulevé d'une houle subtile. Capri au cœur du golfe dort emmitouflée de brumes, Ischia s'élève comme la gardienne de la petite Procida, au loin, se devine l'âpre rocher de Ventoténe.

Pourquoi ce caillou immatériel est-il si attirant ?

Salvo m'a fait la même remarque, il rêve d'aborder sur cette citadelle minuscule, mais n'en a, hélas, jamais trouvé l'occasion ..

Les îles les plus belles sont sans doute celles où l'on n'aborde qu'au soir de sa vie... A l'instar d'un dernier amour, celui auquel on ne croyait plus.

Ce matin d'argent poli, fidèle au mot d'Homère, la mer de vin poursuit son immense songe et moi le mien depuis les hauteurs du palais de Capodimonte.

Je suis arrivée à Naples par le premier ferry, mon tableau toujours caché dans un humble sac ; et j'attends depuis une bonne heure que veuille bien apparaître le centième cousin de notre ami Salvo, Capriote depuis la nuit des temps et marié à la descendante directe d'une compagne de Tibère.

Le domaine de Capodimonte a connu l'éclat du sourire de la sulfureuse Lady Hamilton, les chasses frénétiques de l'époux  Bourbon  d'une soeur de Marie-Antoinette,  ce roi  qui affectait d'être grossier et que le peuple, qui l'adorait, gratifiait de l'éloquent surnom de Nazone,  puis les fêtes galantes et les révolutions. Maintenant assagi, voué à abriter les Muses et à subir les visiteurs inconnus, il s'est fait une raison, et règne de toute la force de ses trésors, à la place des rois disparus.

Ne couronne-t-il d'ailleurs Naples de ses jardins, palais et manoirs ?

On m'a assez aimablement ordonnée de monter au deuxième étage et là, on m'a privée de la visite des grands maîtres de l'école de Naples pour m'enfermer dans ce ravissant salon aux boiseries parsemées d'or et à la fenêtre ouverte.

Une poignée de vues agrestes me distrait quelques minutes, l'une d'entre elles m'étonne et me divertit au point de laisser mon précieux sac, et de m'approcher dangereusement de cette évocation des temples de Paestum entourés de verts pâturages sur lesquels paissent avec acharnement de robustes bufflonnes.

Je ne résiste pas à l'envie enfantine de caresser le tableau, horreur ! une sonnerie se lève, s'enfle, et hurle comme pour avertir d'un crime odieux !

Épouvantée, confuse, honteuse, je me précipite vers la fenêtre, trop tard, une escouade de gardiens se répand dans la charmante antichambre, et me voici scrutée de regards extrêmement désagréables.

« Mi dispiace ! » J'essaie de m'expliquer, jure que loin de moi était l'envie de m'emparer de ces maudites bufflonnes, peine perdue !

Les yeux roulent, les sourcils menacent, les voix vocifèrent, je suis à tomber par terre de frayeur...

Le cauchemar empire, un des féroces gardiens ouvre mon sac, hurle des accusations en examinant ma belle Sybille, s'en saisit et disparaît, suivi heureusement par ses compagnons zélés.

C'est ce moment de déroute absolu que choisit le cousin de Salvo pour faire une apparition que je trouve quasi céleste. Enfin quelqu'un capable de me défendre et de me sauver !

Mais, le cousin si savant me foudroie lui aussi d'un coup d'oeil peu amène, refuse ma main tendue et m'enjoint de le suivre d'un ton exagérément sec.

Plus morte que vive, je me dispose à m'enfuir d'un autre côté, puis, reprend mes esprits, si je cédais à la tentation de m'échapper, cela fournirait la preuve que je suis coupable du crime dont on va m'accuser ! Je n'ai rien volé, et certainement pas ce tableau que je voudrais remettre dans sa brocante au plus vite.

Sans prononcer un mot, le cousin, m'introduit dans un auguste bureau constellé de beaux tableaux dont je m'éloigne aussitôt, poussée par une prudence instinctive.

« Signora, je regrette beaucoup l'incident, mais je ne suis pas grand-chose ici, vous auriez dû y penser avant de déclencher l'alarme intempestive, c'est dramatique, vous allez devoir expliquer votre geste absurde, on vous prie de m'attendre et, non contente de m'apporter un tableau qui a toutes les chances d'avoir été volé, vous essayez d'en prendre un second !

 Vous me mettez dans une situation très délicate, je ne vous connais pas, Salvo dit du bien de vous, mais il raconte toujours des choses aimables sur ses amis, cela ne me suffit pas.

Pour votre travail, c'est ce que m'a dit Salvo, vous approchez le milieu de l'Art, c'est grave, très grave, comment vous faire vraiment confiance ? On a affaire à tant d'affabulateurs, de faux experts, de menteurs professionnels, de dérangés, de voleurs raffinés, je ne sais où vous situer, voyez- vous, à priori, vous avez une certaine allure, vous inspirez même la sympathie, c'est très embarrassant, et votre italien est bon, pour une Française s'entend, c'est très suspect... 

En toute franchise, Signora, cette femme au turban que vous secouez de façon fort peu soignée dans ce sac me plait assez. A qui l'attribuez- vous ? « 

Vexée que ce savant m'interroge au lieu de m'éclairer de sa science, je réponds avec un naturel désarmant dont je regrette immédiatement  la sottise :

« Mon Dieu, attribuez- là à qui vous voulez ! »

Le cousin sursaute, et du coup je le détaille dans la lumière de ce limpide matin du golfe de Naples.

C'est un homme de haute taille à la maigreur admirablement habillée d'un costume sentant la main d'un tailleur napolitain fort doué (comme tous les tailleurs Napolitains). Sa mine revêche et détachée des appas mondains annonce l'érudit qui se nourrit de parchemins et dédaigne les simples bonheurs goûtés par la gent napolitaine, dont la cuisine italienne traditionnelle.

 Sa crinière blanche lui confère un aspect léonin assez romanesque ; et si seulement il me considérait d'un regard plus aimable, je serais ravie de bavarder sur un banc, dans les vastes jardins s'étendant sous la fenêtre.

Mais le moyen de raconter sa vie à quelqu'un d'aussi réservé et méfiant ? Je ne vois aucune ressemblance morale ou physique avec notre généreux et bouillonnant ami Salvo …

Ma réponse tranchante a eu le don de l'agacer au plus haut point, je passe désormais pour une insolente qui se moque des experts de renom. Tant pis !

« Que l'on me jette en prison et vite ! il y aura bien un avocat capable de prouver mon innocence. »

Le cousin secoue la tête et agite ses mains afin d'invoquer le Ciel. 

»Nous n'en sommes pas là !

 Votre tableau va être examiné dans notre laboratoire, s'il ne nous déçoit pas, nous le confierons à nos collègues de Rome, patrie de ce peintre dont le nom m'est aussitôt venu à la vue de votre sainte les yeux levés vers le ciel, trait de génie de cet artiste qui peignait à tour de bras afin de faire la vie et payer ses créanciers. « 

« Oui, dis-je, ses portraits de Saintes l'aidaient à aller vers des amours toujours nouvelles, quel singulier paradoxe ! »

Mon érudition de quatre sous me vaut un regard méprisant et une réplique cinglante.

Voilà où me mène mon manque de la plus élémentaire diplomatie !

« Vous récitez votre leçon qui d'ailleurs est erronée, c'est le mal du siècle, nous débordons d'amateurs qui s'imaginent détenir la substantifique moëlle ainsi que disait votre Rabelais, laissez les experts faire leur métier.

Pour le moment, n'ayez aucune espérance, votre tableau a toutes les chances de nous dépiter.

Quoi qu'il en soit, je veillerai sur lui, n'ayez crainte, mon cousin Salvo est un homme respectable que je respecte même s'il m'adresse des personnes que j'aie du mal à situer.

 Vous allez descendre maintenant, je vous prierais toutefois de vous excuser auprès des gardiens, et de revenir à Capri ou en France sans susciter d'autres fâcheux incidents. Un Musée n'est pas une salle des ventes, on y médite en silence.

Veuillez signer ce papier, merci, auriez- vous un document prouvant votre achat ? »

Je soupire lugubrement, et propose en désespoir de cause le papier d'emballage sur lequel se lit le nom et l'adresse capriote de mon ancêtre. Le cousin s'en empare sans cacher sa perplexité.

Il secoue l'humble papier, le déplie, l'étale devant la fenêtre, et me prie de lui présenter mon passeport. Mes nerfs se tendent, j'en veux terriblement à l'Homme- Mari qui se repose de nos agapes diverses dans notre jardin d'Anacapri.

 Pourquoi suis-je seule pour affronter ce monsieur si savant et si soupçonneux ?

C'est à mon tour de sursauter, des entrailles de mon minuscule sac à main mon portable clame sa détresse.

Oserais- je le brandir ? Le cousin m'en donne la permission d'une voix accablée et, à mon immense surprise, j' écoute l'Homme- Mari qui, tout juste débarqué à l'aéroport, s'apprête à revenir en France au plus vite, on l'attend à Paris :

« Affaire urgente, je n'en croyais pas mes oreilles, une chance à saisir, une aubaine, impossible de refuser, au moins sept ou huit jours de travail tout est arrangé avec Antonio.

Reste encore une semaine, dix jours, si tu veux, j'enverrai un virement supplémentaire à l'ami Antonio, je t'appelle de l'hôtel ce soir, mes partenaires l'ont réservé à ma place, sans mon intervention, ils risquent de manquer l'affaire de l'année. 

Tu me comprends et m'approuve, oui, je n'en doutais pas !

Tu ne redoutes pas de rester seule à Capri ?  Non, j'en étais sûr, de toute façon, les amis t'aideront. J'y vais, je suis en train de faire les contrôles ; et ton tableau ? Une croûte bien sûr, n'y pense plus ! S'il t'encombre, laisse -le dans une galerie à côté de la via Chiaia, bon, à ce soir ! »

Au comble de l'énervement, je range l'engin muet et soupire à nouveau. Me voici livrée en promeneuse solitaire aux caprices du destin et aux orages d'avril sur le rocher des Sirènes... J'éprouve l'ivresse du bonheur égoïste au point d'en oublier la présence du cousin à la mine revêche.

« Vous ne craignez pas de vivre dans la solitude à Capri ? » me demande-t-il sur un ton d'une courtoisie cachant sans doute quelque sombre et secret dessein... 

Je le salue sans prononcer un mot, en réalité, l'émotion m'en empêche.

Je dois courir vers les taxis et tenter de prendre le bateau de midi, Capri dans la solitude, mais quel cadeau des dieux ! 

Que me veut encore ce solennel spécialiste de l'Art italien ?

« Votre ancêtre ne vivait pas dans la solitude, même si sa réputation de gentilhomme solitaire le précédait sur les sentiers les plus périlleux. les voyageurs écrivaient de belles choses à son sujet, l'un d'eux, en mille huit cent vingt-huit le décrivit à ses parents comme : 

"Le plus galant homme du monde, celui qui cherchait une statue aux yeux d'émeraude enfouie dans son jardin de la vallée de Caprile."

 lisez, Signora, les lettres de Capri, vous en trouverez au Musée Cerio, sinon, dans les papiers jaunis des brocantes que vous aimez tant autour de la Piazza del Gesu Nuovo. Vous avez aussi un petit marché sur cette place en semaine... Si Dieu le veut, vous trouverez ; avec de la patience et de l'amour, vous trouvez toujours ce que votre cœur espère.

Même les lettres égarées entre deux siècles mais passées par la poste de Capri, à l'envoi, et à la réception, tous les gens civilisés s'écrivaient à un rythme sidérant en ces temps heureux...

Je songe à traverser le golfe à la fin de la semaine, cela sera trop tôt pour obtenir le verdict du laboratoire, comptez plusieurs semaines, mais pas trop tard pour que nous remontions ensemble la via Tiberio, puisque vous aimez la solitude, j'aurai plaisir à vous guider vers des lieux solitaires, des sentiers négligés, mais arpentés il y deux siècles par les plus fervents voyageurs.

Vous ne m'avez pas encore remis votre preuve d'achat ? Alors, je dirai au laboratoire que ce tableau vous vient par héritage... Ne me remerciez pas, et si c'était vrai ? A presto ! »

Je n'ai pas le temps de dire oui ou non à cette aimable invitation, je n'ai que celui de filer au port de Massa, moyennant un pourboire insensé au chauffeur déterminé à profiter de mes affres.

Une fois à bord, les yeux rivés sur Capri pareille à un oiseau vaporeux, mon cœur accepte de ne plus battre la chamade ; l'Homme- Mari me manque, mais de quoi aurais- je peur sur l'île ?

Et certainement pas de ce cousin à la triste figure  qui me propose des escapades sur les ruines de Tibère en l'absence de l'homme- Mari !

« Signora, mais quelle chance, moi qui vous cherche partout depuis hier ! Salvo m'avait dit que vous reviendriez aujourd'hui de Naples, et nous avons choisi le même bateau ! 

Oui, c'est votre courrier, prenez-le, sinon il risque de s'envoler sur le pont avec ce vent ! »

Une dame avenante dont le très agréable visage aux traits fins et affirmés ne m'est pas inconnu, me tend une grosse enveloppe marron clair, accusant un âge avancé.

« Vous me reconnaissez ? Je suis Felicia la dame que vous avez complimenté l'autre jour, via Follicara, vous étiez si contente du panneau annonçant qu'ici commençait la Communauté Féline d'Anacapri, mon œuvre ! Nous habitons le royaume des chats, ils sont libres, heureux, nourris, soignés par nous tous, et vous êtes si gentille, vous avez élu un protégé, le gros matou de la maison hantée.

Le pauvre,  hier, il miaulait si fort !

Je me suis avancée et, en lui versant ses croquettes, qu'ai-je aperçu ? Votre courrier égaré, je l'ai pris à tout hasard, et vous voilà vous aussi de retour de courses à Naples: le hasard n'existe pas à Capri.

Tenez, ces lettres sont bien fatiguées, et leurs timbres dignes des collectionneurs, la poste a du retard sur l'île, mais là, c'est un comble, ce courrier date de deux siècles, et, voyez un peu ce prodige, il a fini par vous rejoindre ... »

Ce courrier date des années 1820,1830, mon ancêtre était alors en pleine force de l'âge si je ne m'abuse ; on était officier très jeune sous Napoléon, il devait avoir une vingtaine d'années lors de la prise de Capri en 1808, et une trentaine à la chute de l'Empire quand veuf de sa jeune épouse, il a décidé de s'exiler sur son rocher bien-aimé. en confiant son enfant aux soins de ses grands-parents qui crurent vite élever un orphelin tant la disparition de l'ancien officier fut inexplicable. 

Mais, qui sait ? Ce fils, adolescent ou jeune adulte, fut peut-être mis dans le secret de son père ?

D'où surgissent ces lettres ? Felicia avenante, radieuse, volubile ne s'en soucie pas le moins du monde, je serre le paquet défraîchi dans mon sac et lutte contre la tentation de déchiffrer tout de suite leurs messages d'outre-tombe.

De toute manière, encore diaphane, l'île bleue nous nargue déjà sur la mer blanchie d'écume et fleurie d'améthystes liquides.

 Le royaume des chats de Capri !

 Quel merveilleux pays  d'où on vous envoie des lettres postées presque deux siècles auparavant !

 Et si la douce Felicia n'était autre qu'une Sirène déguisée en mortelle ?

A bientôt pour la suite, et le dénouement de ce roman à Capri,

Lady Alix ou Nathalie- Alix de La Panouse



Ile de Capri, Anacapri dans la lumière du printemps.

(crédit photo: Vincent de La Panouse)







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