mardi 19 décembre 2023

Villa San Michele : déjeuner chez Axel Munthe et Billy son singe farceur: "La maison ensorcelée" Chap 41



 Un déjeuner de soleil chez le paladin Axel Munthe

"La maison ensorcelée" chapitre 41: Roman à Capri

Villa San Michele aux portes de l'Automne

"Axel Munthe ? dit Salvo en me jetant son habituel regard empli d'une courtoise fermeté,  mais, cara amica, ce fut un paladin ! un noble coeur, une âme chevaleresque, vous devez comprendre cette qualité, ne sentez- vous de la fierté quand vous évoquez la foule de vos ancêtres cavalieri ? 

Comment dites- vous en français ? Ah ! les chevaliers sans peur qui tiraient leurs épées pour défendre la vedova et il  bambino !  eh bien,  Axel Munthe  lui aussi a défendu les pauvres gens d'Anacapri ! pas avec une épée, avec ses mains ouvertes, et gentillesse, il aimait notre bonté, notre simplicité, et ma grand-mère l'adorait  de tout son coeur, il le lui rendait bien et l'invitait à manger ses macaronis, ou à se promener dans sa loggia et ses jardins. 

Non, ce n'était pas un roman d'amour !

 Pas comme vous le pensez, vous les Français vous ne pensez qu'à cet aspect -là ! il ne fréquentait pas ma grand-mère  comme une amoureuse, c'étaient deux amis qui se confiaient sans méfiance et se racontaient les petites choses de Capri . Un paladin, je vous le répète il aimait à protéger les faibles ..."

Un silence musical, un  langoureux silence peuplé d'oiseaux invisibles et de frôlements de la brise parfumée sur les ramures des Pins de velours émeraude apaise nos esprits. Nous sommes réunis après quelques interminables mois, mais Capri nous attendait, Capri nous a repris, et Salvo et Flavia ont décidé de fêter notre retour sur la terrasse de la Villa San Michele, mythe d'Anacapri, antique palais de Tibère relevé  voici cent ans par les mains ingénieuses de l'extravagant Axel Munthe,  jeune docteur suédois sans le sou qui plaisait terriblement à ses patientes....

 Attendrie et émue, emportée sur les ailes du passé si proche, je ranime de plus belle la présence quasi tangible de ce fabuleux héros des temps héroïques d'Anacapri: notre hôte bienveillant en ce domaine retentissant d'échos à l'instar d'un monastère. Cet homme  qui cultiva le champ de la simplicité antique, et se livra parfois à ses désirs de faste discret, ange blanc de Capri, adossé au monte Solaro et à la Montagna di Barbarossa,  fut le rival  involontaire du comte Jacques Fersen,  poète tourmenté et ange déchu, qui nourrissait d'opium ses amours interdites. dans son nid d'aigle du Monte Tiberio

 Grâce à quelle alchimie aimons -nous tous, en ce suave après-midi de fin de saison, cet homme impossible sans l'avoir jamais vu ?

Sa Villa San Michele ne parle-t-elle pour lui ? Et comment se priver de sa légende, cette chanson de gestes établie à jamais au pied de la montagne de Barberousse ?

"Un Paladin digne de Saint- François d'Assise pour sa générosité envers les abandonnés, pauvres gens et pauvres bêtes aussi ...Surtout,  n'oubliez- pas les animaux, les braves chiens prêts à se donner à leur maître compatissant, es chats hypocrites, élégants et sanguinaires que votre paladin ne supportait que le cou revêtu d'un collier à clochette afin d'avertir de leur silencieuse approche les oiseaux étourdis ... Et ce singe ivrogne ! comment ? Vous ne connaissiez- pas l'histoire de ce démon de babouin qui dévastait tout sur son passage après avoir goûté d'un bon vieux whisky dans la cave de son maître?"

"Un singe ivrogne à San Michele ? dit d'une voix horrifiée Flavia, puis, elle se reprend et m'approuve.

"Bien sûr, la cara amica ne se trompe pas ! Axel Munthe avait adopté un singe qui fouillait  sans répit sa maison à la recherche d'une sottise à accomplir le plus vite possible ! venez- voir ce coquin, son portrait est dans l'entrée, nous passons devant lui sans comprendre, et la cara amica semble en savoir beaucoup sur  les manies de ton paladin adoré, Salvo caro !"

Le portrait du babouin farceur, un verre en main et le regard  d'un bon vivant en train de méditer sur les plaisirs de la vie, guette les  visiteurs  qui déferlent en file sage sur la terrasse de la Villa San Michele.

Cette esplanade s'allonge sur les jardins touffus, s'accroche aux branches des pins, et abolit le temps de toute la splendeur du paysage qu'elle domine à l'instar d'une figure de proue.

Autour des petites tables, les conversations n'élèvent jamais le ton, on chuchote presque, on respire à peine, on sourit aux inconnus et on quitte l'endroit béni en saluant à la ronde.

Nous sommes pour la "je ne sais combien de fois" de retour à Capri. Le printemps s'est envolé; l'été s'est envolé, les années se sont envolées,  mais nous revenons toujours  au Port, et nous voici célébrant l'orée de l'automne par un déjeuner de soleil en compagnie des  fidèles Salvo et Flavia, des anciens dieux endormis à l'ombre des fontaines  babillardes, et certainement d'Axel Munthe pensif et désabusé.

 Ou, qui sait,  aux anges, et extraordinairement vif et fier d'entendre, depuis l'autre monde, les louanges de ces gens si bizarres qui soudain font irruption au coeur de la beauté qu'il s'est évertué à créer ?

 En dépit de l'acharnement des guides à prouver le contraire, nous ne sommes pas dans un restaurant ordinaire voué aux touristes blasés. Que non pas ! nous prenons place au sein d'un sanctuaire. En bas, sur les allées, déambulent avec lenteur les flots des voyageurs de la journée, vite éparpillés, vite oubliés.

 La mer se pare aujourd'hui d'une nuance de saphir violet.

 Son miroir immobile épouse le ciel d'un bleu clair incomparable, et se pare de l'ineffable brume jaillie des falaises, sans nul doute la soyeuse écharpe d'une messagère divine. 

La fuite des heures ne nous touche plus, nous voici réunis pour un déjeuner éternel sous un dais blanc qui nous épargne la véhémence de la lumière implacable.  Un convive impalpable nous écoute sous les voiles de l'autre monde, c'est le maître des lieux lui-même! chapeau informe sur les yeux et mine impavide. Je le devine émoustillé de notre verve, de notre ardeur à vanter ses mérites et à ranimer les caprices de son singe Billy, l'aimable insolent qui profitant de l'odyssée fantastique de son bienfaiteur, voguant, en quête de son grand sphinx de granit rose, vers les criques oubliées de la sauvage Calabre, déclencha une avalanche de catastrophes sur l'île épouvantée.

Tant d'histoires fantasques, et tant de contes aux frontières de la féérie ! d'abord  Billy, rescapé d'une douche d'eau bouillante grâce aux soins infatigables du bon docteur Munthe. Ce jeune babouin, élevé au whisky par son premier maître, un vénérable docteur Sudiste au cerveau bouleversé par le deuil et  l'abus  de sa boisson favorite, fut un rebelle ! un vassal défiant sans peur le seigneur des lieux, en outrageant la Loi de San Michele ordonnant le respect de chaque animal, tortue, petite chouette, chatons, chiens, et mangouste, tous adoptés et sauvés par leur bienfaiteur. n'écoutant que son irrépressible amour des pauvres bêtes sans parole et sans défense.

Comment toutefois ne pas apprécier l'admirable  sens critique  de l'impertinent jeune singe capable d'accomplit le terrible forfait de repeindre à la façon des surréalistes les tableaux par trop communs exposés dans la galerie d'un ennemi juré d'Anacapri ? 

Et que dire de la kyrielle de merveilleuses initiatives toutes plus loufoques les unes que les autres surgies de cette tête inventive ? Je me souviens  de la  piquante diatribe de son maître et ne résiste pas à demander que l'on me prête un instant  "La Storia di San Michele" pour la faire goûter à notre table  amusée avec la "Salade Axel Munthe" religieusement commandée par nous tous. Heureusement la librairie de la villa abonde en versions traduites dans toutes les langues de la terre.

"Je vous en prie, écoutez ! laissons Axel Munthe tancer Billy avant notre dessert: je vous remets en mémoire les crimes commis par le babouin libre et lâché:

Une fois bien abreuvé de whisky volé, le voilà sautant sur les 77O marches(ou peu s'en faut) de la Scala Fenicia, puis une fois dans le bourg de Capri, se ruant à l'église et allumant un incendie qui brûla le catafalque sur lequel reposait Don Giacinto, le Canonico de Capri, homme que la vox populi d'Anacapri accusait de crimes intolérables : aucun sens de la bonté, avare comme Harpagon, ennemi juré du Parroco dAnacapri et pire de San Antonio, le Saint Patron d'Anacapri. L'ire populaire caprese accusa bien sûr les roués Anacapresi de cette turpitude qui fut suivie de deux autres aussi calamiteuses.

 L'enragé babouin ne profita- t- il de sa liberté chérie pour ravager le fameux Café Zum Hiddigeigei, sanctuaire préféré des buveurs teutons ?  Mais quelle infamie de semer les bouteilles cassées dans ce cénacle de fraternité entre des peuples soudain unis par l'envie de boire, rire et chanter ?

Cette vilenie n'atteignit toutefois le degré d'horreur du troisième acte de la comédie simiesque où le terrible protégé du bon docteur Munthe se fit un plaisir de retoucher à la mode surréaliste un chef d'oeuvre du Prof.Raffaele Parmigianio  qui toisait, depuis sa pompeuse Sala di Esposizione de Capri,  l'humble Prof. Michelangelo d'Anacapri, en imposant aux amateurs de peinture d'histoire son admirable "Tiberio nageant dans la grotte bleue"... 

Or, personne ne songea à lever les yeux vers  la Villa San Michele où l'exalté coupable de tant de ravages dormait  sous son figuier favori du sublime sommeil des  parfaits ivrognes. pourtant Capri accusa instantanément Anacapri: "Abasso Anacapri !",  et Anacapri, ravi de cette bonne plaisanterie infligée par un démon, un ange, ou San Antonio en personne, prit aussitôt la sage décision de fêter cette victoire imprévue dans la guerre opposant les deux villages depuis les premiers chants d'Homère, par un feu d'artifice et un concert enthousiaste. 

Je ne me soucie guère du Livre de San Michele ouvert sur la table fleurie de jasmin, ma mémoire ne défaille pas et je me sens approuvée par un auditeur de plus en plus visible.

A vrai dire, je le vois assis entre Salvo et Flavia, juste en face de moi, à la fois élégant dans son costume clair et délicieusement débraillé, une  précieuse désinvolture italienne épousant sans façon une austérité purement scandinave. Il ne me manquait plus que de nouer une amitié naissante avec un nouveau esprit de l'air, le fantôme d'axel Munthe maintenant entre en scène ! cette île de Capri est une fontaine de jouvence et un réservoir d'êtres immatériels, "Capri est dangereux !"  

Comme elle avait raison cette grande dame qui m'avait mise en garde d'une plume autoritaire ...Je ne m'en sortirai jamais de ces rencontres ensorcelées. Découragée, je cesse de guetter la silhouette diaphane qui me décoche un sourire des plus séduisants. 

 La réputation de séducteur invétéré de ce bon docteur le précède encore dans ce monde ! et elle n'est pas usurpée;  en chair, en os, ou en esprit, cet angélique Suédois mérite toujours ses galons d'amant d'une reine. Suffoquée par cette  apparition intangible, je commence à douter de ma propre santé mentale, et j'entends distinctement l'hommeau beau visage transparent, aux yeux dénués de couleur, aux mains de verre, me chuchoter d'une métallique voix d'outre -tombe : "Ignoriez- vous que je n'eus pas mon pareil pour guérir les belles dames  aux nerfs fragiles et à l'imagination en déroute ? Quel privilège de soigner une patiente aussi atteinte et aussi charmante !  Vous m'obligeriez en  vous glissant chez moi un soir dans la solitude ..."

Saisie d'effroi, je referme le Livre de San Michele en me demandant si d'aventure il ne recélerait un philtre subtil ... La brise flotte à travers les allées chargées de l'amère douceur émanant des Pins vert émeraude, des sombres Cyprès et des robustes fleurs rouges et roses coulant comme des cascades sur le gazon arrosé de frais, un prodige sur cette île où l'eau est un miracle ...

Une  grande ombre s'étire sur la pelouse impeccable à faire mourir de jalousie un jardinier Anglais. La fin du jour commence sa lente fatalité, sur les roches escarpées le soleil s'attendrit, et la mer chatoie en frappant les minuscules criques, les énormes rocs, les grottes découpées sur l'eau farouche,  de son étreinte d'amante blessée.

L'esprit du lieu s'imposerait à nous si Salvo ne reprenait les choses en main!

"Oui, c'est très bien, seulement vous racontez, vous racontez bien  mais ce ne sont pas les mots d'Axel Munthe.  je n'entends pas non plus sa semonce à Billy, dai, je voudrais entendre sa voix,  donnez- moi ce Livre de San Michele, vous ne pouvez lire un beau discours en italien avec votre accent français, ce n'est pas votre faute, mais vous ne prendrez pas le ton énergique qu'il faudrait, vous ne mesurez pas la gravité, l'importance de cette anecdote, elle révèle notre état d'esprit et la bonté du docteur, et aussi une pointe d'humour léger, presque à la mode française ou anglaise je vous le concède. 

Bien ! maintenant, écoutez tous :

"Billy, lui dis-je sévèrement, "j'ai à causer avec vous en tête à tête sous votre figuier...

"Billy vous  avez encore bu !  on a trouvé deux bouteilles de vin vides dans un coin de votre cabane, une bouteille de whisky a disparu...Toute votre conduite pendant mon absence en Calabre a été déplorable. Vous avez brisé  le lorgnon d'un forestiere avec une carotte. Vous avez désobéi... Vous avez insulté la mangouste. Vous avez manqué de respect à la petite chouette. vous avez constamment flanqué des claques à la tortue. vous avez à moitié étranglé le chaton siamois. Enfin et surtout, vous vous êtes échappé de San Michele en état d'ébriété.

La cruauté envers les animaux est dans votre nature ou vous ne seriez pas candidat au genre humain, mais les Seigneurs de la Création ont seuls le droit de se saouler..."

Salvo cesse de lire d'un ton  emphatique et tressaille en fixant un point sous sous un énorme figuier, nous nous retournons tous, à peine étonnés, une ombre bouge au loin, dissimulé dans l'herbe haute, et un rire rauque, sauvage, sarcastique monte vers la terrasse, un grognement ou un rire ?

"La suite , je vous en prie, Salvo, lisez- nous la suite, pourquoi cet air bizarre ? Un chien se balade sur les plantations des jardiniers. Craindriez- vous de perturber le fantôme d'un singe disciple de Bacchus ?"

Flavia semble mal à l'aise. et son délicat visage prend une nuance de porcelaine sous notre dais de tissu blanc filtrant la lumière chatoyante de ce tiède après-midi d'octobre.  L'Homme- Mari  n'y comprend strictement rien, redoutant un malentendu, il prie le cameriere de nous régaler d'une seconde part de Torta Caprese et propose ensuite que nous profitions des jardins libérés de l'insistance des voyageurs pressés. L'histoire du singe ne le passionne que fort modérément; si seulement nous daignions nous souvenir de l'indigence de son italien!

 Salvo s'efforce de ne pas perdre sa contenance impavide. son visage blême le trahit. il tente de surmonter un choc qui lui ôte sa loquacité habituelle, Flavia lui saisit la main et tous deux d'un accord muet  ferment le livre de San Michele.

" Laissons -les en paix, murmure la belle Flavia, venez ! nous avons la permission de nous promener dans la solitude d'autrefois, les jardins sont fermés, sauf pour nous, notre ami en a décidé ainsi, d'après lui, Axel Munthe l'aurait désiré...Notre ami, le gérant du domaine a eu l'intuition de la sympathie que nous  aurait témoigné par notre respect, notre affection à son égard, le vrai maître des lieux, il ne se moque pas... Levons- nous !

Le Sphinx nous tiendrait rigueur de ne pas le saluer, peut-être ordonnera -t- il au destin de nous guider vers la chance que nous n'avons jamais attrapé au vol, par peur ou par étourderie, qui sait ? 

Comment saisir la chance dans nos vies souvent emprisonnées? 

D'ailleurs, vous nous avez raconté beaucoup de choses depuis ce séjour imprévu, vous avez navigué dans les criques les plus étroites,  vous avez nagé dans l'eau froide de la crique du Faro à la tombée de la nuit, ce qui est la meilleure façon de risquer un accident, vous n'avez aussi rien fait du tout ce qui prouve votre bon sens, et vous avez été émus  en discutant chez elle avec une très vieille dame qui passe sa vie sur sa terrasse entre ses citronniers,  et surtout juste en -dessous de la fameuse maison en ruines que vous aimez à un point ridicule.

Or, vous vous taisez ! vous nous décevez ! Mais peut-être voulez-vous supplier le Sphinx de vous donner une dernière chance ?"

L'Homme- Mari soupire et réplique dans son italien indigent que le maudit propriétaire lui joue des tours depuis si longtemps! sis années de ruses, de désillusions, d'espoirs détruits , et finalement, encore une lumière au bout de ce tunnel interminable, mais, faut-il garder la foi ? L'amour oui, il ne nous lâche guère! cette ruine a beau s'effondrer chaque jour davantage, elle a beau subir les attaques des voyous peignant en rouge sang sur son ancienne blancheur des imprécations odieuses, son jardin a beau disparaître sous la houle des buissons désordonnés, son portail a eu beau choir comme un géant démantelé, nous l'aimons toujours.

Mais, qu'inventer d'autre ?

"Parlez encore au Sphinx !" dit Flavia

Nous voilà juste en face du monarque de granit rose, le gardien des  secrets immémoriaux, le voyageur des siècles, l'oracle privé de voix qui seul sait dompter le cours de nos destinées, à condition que nous voyons en Capri l'éternel séjour qui frappe notre coeur, enlace notre âme et renaît  sans cesse dans notre vie...

Or, le Sphinx accepte-t-il d'exaucer les voeux égoïstes ?

Mon amoureux de l'autre -monde, l'homme au chapeau démodé a finalement décidé de me laisser en paix, ou du moins de m'abandonner avec ce roman inachevé, ce mélancolique reflet d'un sentiment voué à la douleur, au silence et à la nuit.je ne désire plus chercher la clef de cette histoire perdue ...

Qu'importe ! la leçon retirée de ces rencontres fantastiques, c'est qu'il faut s'accommoder de ce que la vie dépose à vos pieds sans se noyer dans un marécage d'absurde nostalgie. nostalgies absurdes.

Nous pouvons être heureux sur l'île en nous contentant de  peu, une maison en ruines nous ruinerait, c'est une tentation hallucinée. Si je lance un souhait, au moins qu'il répande le bonheur chez une personne qui le mérite. Qui suis-je pour supplier un sphinx âge de cinq mille ans de m'offrir une cabane à Capri ? une folle ou un être démuni de coeur, de générosité ?

"Flavia, je prie le Sphinx de venir en aide à ta famille, de combler ta fille, ton fils, ton époux et toi-même,  et s'il est vraiment doué d'un pouvoir venu de la nuit des temps, qu'il se souvienne que la paix en ce bas- monde est la seule vertu qui vaille la peine, surtout en ces moments de drame, d'horreur, de tumultes, dont l'écho frappe même le divin rocher  ...

Quant à une maison à Capri, eh bien, nous nous en passerons très bien ! 

Le rêve  de notre maison ensorcelée, de ce jardin qui abrita mon ancêtre lointain, ce songe lancinant  s'achève ...  On ne conquiert jamais l'impossible."

Le portable de l'Homme-Mari interrompt ma profession de foi.

Le voici aussi blême que Salvo en lisant les mots d'Axel Munthe à son terrible singe.

"Eh bien, il semblerait que non...

"Allons, dis-je agacée, encore un de ces faux espoirs ! ne rêvons plus, vivons !"

"Cara amica, réplique Salvo, croyez en votre chance, si Capri vous veut, elle vous trouvera un moyen de la rejoindre, croyez en Capri ! Ce n'est pas une histoire finie, c'est la vôtre et, tôt ou tard, elle va vous emporter et Capri vous gardera pour toujours."

A bientôt pour la seconde partie de "La Maison ensorcelée"

Natahlie-Alix de La Panouse ou Lady Alix



 La baie de Naples depuis les Jardins  de la Villa San Michele, Anacapri
Crédit photo Vincent de La Panouse




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire