mardi 24 septembre 2024

Messe de l'Aurore sur le Monte-Solaro ou l'art de vivre à Capri: "La maison ensorcelée" Partie II chap 16



 L'art de se faire ermite au bord d'un précipice

Ou comment se lever à l'aube pour la messe de septembre en  l'ermitage de La Cetrella

"La maison ensorcelée"  seconde partie

 Chapitre 16

 Les histoires les plus belles sont souvent les plus simples. or, si vous entendez "Capri", vous pensez aussitôt être autant éloigné de la belle simplicité du Sud de l'Italie, qu'un amoureux fervent peut- l'être d'une étoile glacée.

 C'est que vous ignorez ce qui se cache sous la roche, ce qui est la nourriture spirituelle des îliens, la tradition fervente qui reverdit et rend heureux, la véritable Italie du Sid dont la lumière brille encore même sur l'île au visage mondain, au fard audacieux, ce rocher qui se vante de sa futilité coûteuse est le gardien des trois choses importantes; la Foi, l' Espérance et l'Amour .

 Comment un pareil tour de force est-il réalisable ? Tout simplement grâce à un pèlerinage, un acte d'une extrême simplicité, un chemin dur qui côtoie les gouffres, la marche à l'aube sur les sentiers dont les pierres glissent, où le vertige rode, où le golfe s'éclaire d'un seul coup à l'instar de la porte du Paradis, afin d'entendre une petite messe de rien du tout, une messe du dimanche pour une poignée de gens courageux, la messe  qui se tient depuis la nuit des temps ou presque chaque dimanche de septembre en la chapelle de l'ermitage de la Cetrella.

Cette messe a bercé l'enfance de nos amis, elle attire comme un aimant leurs enfants, leurs chiens, car les animaux sont des créatures de dieu en Italie, à condition qu'ils observent une sagesse courtoise, et leurs petits-enfants.

 Qu'est-ce que la Cetrella ? Ce nom fait battre le coeur et aiguise la curiosité, il ne cesse de soulever les avis de grands historiens, de spécialistes du passé antique de l'île, et jamais personne ne se met d'accord. La Cetrella, selon moi, c'est un oiseau de mer, ou mieux celui qui chante dans les ruines, qui attend et espère contre toute raison. Sans doute ai-je tort, qu'importe: la Cetrella prend la forme de ce que l'on désire en ce fol univers. Dans sa nature profonde, il s'agit d'un jardin  sur les montagnes de Capri, une  vallée verte, un bosquet de chênes, et un minuscule ermitage plongeant farouchement dans le vide.

Une dame de grande allure, rencontrée sur un escalier de la via Follicara, encore un lieu vous privant de votre philosophie, m'avait affirmée d'un ton net: "C'est un des rares endroits sur Terre où l'on entend battre le coeur du monde".

Parole exaltée qui m'intriguait, et qà laquelle je croyais, une première escalade ne m'avait- elle enlevée vers un passé confus ? La Cetrella surtout me semblait  terriblement hantée, ce qui est le cas de pratiquement tout Capri si l'on s'éloigne de la foule en délire avalée par la bouche vorace du funiculaire.

J'avais d'ailleurs mon fantôme personnel; cet ancien ami qui m'envoyait un courrier écrit voici deux siècles, et qui me poursuivait de ses  discours saugrenus et de ses  bizarres caprices sur les sentiers de l'île. Hallucination, vertige né de la beauté émouvante  partout répandue ? Je souhaitais à la fois croiser cet être immatériel et ne plus jamais, même en une autre existence, entendre sa voix ténue et autoritaire.

Serait-ce la voix de cette maison qui nous faisait perdre tout bon sens depuis tant d'années ? Ou la forme vague d'un amour surgi d'une vie antérieure ? Que voulait- il au juste ? Il m'avait entraînée dans quelques vagues épisodes d'un passé trop confus pour que j'en sois touchée. ( Ou ne voulais- je pas m'avouer que j'aimais  plus que de raison, ce fantôme inconnu alors qu'il ne semblait mériter en rien ce sentiment irrépressible et extravagant ?) 

Au hasard d'une balade, sans m'en douter sur le moment, j'avais  agréablement bavardé avec le fantôme de Tibère,  un être  immatériel certes, mais au caractère des plus assurés et d'une politesse parfaite. Rien que de très banal, tous nos amis avaient eu ce redoutable honneur ! J'étais certaine  aussi d'avoir amusé le fantôme nettement plus séduisant du Docteur Axel Munthe, l'ange de la Villa San Michele, séducteur impénitent de ses patientes, et bienfaiteur d'Anacapri.

 Un ange que même sa situation sur la montagne l'opposait au ténébreux comte Jacques Fersen, créateur de la villa la plus vite construite en 1900 sur les hauteurs les plus tristes, un promontoire ombreux, face au soleil exacerbé de l'autre versant, celui veillé par le Sphinx de granit rose ramené d'un autre monde par son rival.

 L'île fourmillait de fantômes, mais c'étaient nos amis que nous étions heureux de revoir ! de vrais amis en chair et en os, surmontant avec courage les soucis suscités par un quotidien qui ne laisse personne en paix, à Capri ou sur le continent.

Nous venions de retrouver Anacapri, de jeter un regard désabusé sur la ruine avancée que devenait à chacune de nos visites notre "Maison ensorcelée", le beau notaire de la Piazza del Gesu Nuovo venait de  nous fermer son étude, pour cause de vacances chez sa mère à Palerme, le coffre ne le passionnait plus, d'ailleurs il sonnait creux, et son contenu certainement insignifiant nous serait révélé à l'automne.  Cette désillusion aggrava un malaise inopiné, une sorte de désamour envers l'île tant aimée, trop adorée, trop idéalisée...Capri nous voulait- elle ? Se souvenait- elle même de nous ?Nous perdions le sens de notre passion ...

 Une île vous infligerait- elle une désillusion pareille à ces retrouvailles avec un être lointain qui ne sera jamais celui que vous souhaitiez le jour de son retour ? Exacerbant  sans s'en douter ce sentiment que nous n'osions, l'Homme- Mari et moi-même nous confier, notre propriétaire, le charmant Antonio, nous avoua au dernier moment que notre appartement au sein de la villa Historique que nous louions en la croyant notre villégiature pour l'éternité, accueillait d'autres heureux mortels pour un bail d'au moins une année. 

La déception ressentie nous fit comprendre notre sottise :  un logis loué ne vous appartient pas, malgré les soins dont vous le gratifiez et l'affection que vous lui vouez...

Antonio nous avait relogé dans l'appartement du dessous, celui ouvrant sur une loggia soutenue par des piliers massifs, loin des colonnes capriotes,  nous étions dans l'interprétation germanique d'une Villa à Capri, le jardin sombrait dans la nuit dès le crépuscule, les citronniers étouffaient la vue, on n'apercevait plus le Monte-Solaro, ni la mer, mais les grilles du portail donnaient sur une petite via autrefois romaine, consolation  précieuse qui atténua notre naïf désarroi.

 Le loyer heureusement restait franchement raisonnable, et cette rareté réconforta l'Homme- Mari. De toute façon, nous restions si peu ! Un lit, un toit, un peu d'air, des citronniers, et le défilé de tous les chats en mal d'aventures du quartier, que pouvait- on souhaiter de mieux  sur le divin rocher ?

Il n'empêche, le charme n'agissait plus, le paradis fermait ses portes, la pluie tombait par saccades, et la tempête finit par chasser les touristes. Tout d'un coup, le port se vida, un miracle survint sous le ciel parcouru d'éclairs : l'île était coupée du continent ! c'est à cet instant que l'amour refleurit...

 L'île respirait par pleine lampée, elle aspirait le vent, elle buvait à la coupe de la tempête, elle se gorgeait d'air frais... Nous entendions son ample et sonore palpitation. L'île se métamorphosait en une citadelle de chair vive, la roche chantait, les falaises bougeaient, l'île reprenait vie, et nous sûmes que l'aimions encore. Mais nous aimait- elle toujours ?

Nous partons à sa rencontre du côté de la Villa San Michele, personne en vue, aucun touriste ne frétille entre les charmantes boutiques, les jardins secrets, et le premier belvédère tendu en arc de cercle vers la mer à l'écume verdie.

 Or, sur, l'antique chemin aboutissant  à l'ancien pont -levis,( relevé autrefois afin de protéger Anacapri des pirates et surtout  des amoureux venus de Capri enlever les belles filles du village), un promeneur de notre connaissance, les yeux fixés vers la brume planant sur les eaux, nous demande si nous montons demain à la Cetrella ?

 Je dis "Oui" machinalement et l'ami approuve tout en me priant de prier la Madone pour sa famille. Je promets sans oser avouer mon ignorance... Puis, tandis que l'orage déchire le ciel, je trouve refuge  dans la boutique de  petits vêtements brodés par la grand-mère adorée des enfants d'Anacapri, heureuse de me revoir, ne suis-je une cliente fidèle  ? La voici qui me remplit les bras de bavettes ourlées de dentelle  tout en me demandant si je grimpe demain à la Cetrella,

 "Vous comprenez, dit-elle avec simplicité, je viens d'avoir 88 ans, alors, je ne peux plus, mes jambes sont fragiles, le sentier est trop raide, les pierres roulent, j'ai peur de trébucher, mais c'est la première fois que je manque le rendez-vous de chaque dimanche de septembre, quand vous serez à l'Ermitage, vous prierez pour moi et ma famille, et pour, allons, vous savez bien de qui je parle... Est-il encore vivant mon ancien amoureux français ?"

Franchement, je l'ignore, et je m'en tire par une pirouette:

"Oui, oui,  je pense  qu'il vit, et de toute façon, les anciennes amours ne meurent jamais, l'amour n'est jamais une histoire finie, alors, qu'importe ...En cette vie, dans une autre ... C'est promis, je prierai demain à l'aube devant la statue de la Maria Santissima di Cetrella !"

" Et pour lui...", murmure timide comme une jeune fille, la frêle et vigoureuse  minuscule Nonna de Santa Sofia.

L'affaire se corse ! je porte un fardeau de prières qui s'alourdit au fur et à mesure que j'essaie de faire les courses ou de rentrer au logis en dépit des gouttes.

Deux pas plus loin et je supplie  Beatrice, qui me tend le pantalon acheté par l'Homme- Mari dans sa boutique où se vêtent les Capriotes de souche, de me révéler le secret de La Cetrella,

 "Mais, vous ne le savez pas depuis le temps que vous venez sur l'île ? En septembre, chaque dimanche, un prêtre vient de Naples nous dire la messe là-haut, j'y vais depuis mon enfance, mon grand-père me prenait par la main quand le chemin devenait trop pénible, j'y suis monté avec mes filles, et je continue, la Cetrella, c'est le coeur de Capri,une fois là-haut, vous reprenez courage , vous ne souffrez plus, vos peines s'envolent sur la mer ... Mais il faut se lever à l'aube ! Une heure de marche sur les pierres coupantes, c'est très facile, à condition d'avoir la Foi et d'aimer vraiment Capri ... 

Ne soyez pas en retard, cela serait mal perçu..Oui, à 7 heures, partez vers 5 heures trente .c'est plus sûr, ne vous trompez pas, prenez d'abord les escaliers  en face du jardin du cimetière, même s'ils sont raides, puis montez ! montez logtemps, ne vous plaignez-pas, vous verrez d'autres personnes en route, vous ne serez jamais seuls. Au carrefour, laissez le Monte-Solaro et allez droit devant vous, vous affronterez une méchante  pente,  et ensuite , vous atteindrez un plateau, vous verrez le sanctuaire de la Santa Maria di Cetrella, devant lui,  le sentier vert,  les ruines, la Casa de l'écrivain Compton -Mackensie, et vous entrerez doucement dans le bosquet, la petite vallée, le domaine de l'Ermitage.  

A cet instant précis, les Campanelles  de la chapelle tinteront pour nous souhaiter la bienvenue ...A demain! Moi, en tout cas, j'y serai ..."

 Je me souviens de ma promenade hantée sur les pentes de la vallée de La Cetrella, l'ermitage était , hélas, fermé. Demain, si nous réussissons à achever ce pèlerinage de l'aurore, nous compterons au nombre des familiers de La Cetrella, nous ferons plaisir à une poignée d'amis, nous en reverrons d'autres, étonnés et amusés, nous entendrons la messe sans ennui, notre ferveur attiédie se réchauffera, nos coeurs froids, nos esprits aigris, nos âmes tristes à force d'endurer indifférence, dédain, humiliation, lot commun à tous les mortels, se ranimeront sous les chants et les prières. Notre égoïsme sera vaincu. Je commence à comprendre ce que cette marche à l'aube signifie..., 

L'Homme- Mari à mon grand étonnement m'approuve !

"J'ai rencontré Salvo, il est très inquiet pour Flavia qui souffre d'une maladie bizarre, il ne grimpera pas demain sur la montagne car sa femme et sa fille le laissent pour voyager dans le nord de l'Italie, Flavia a un rendez-vous chez un grand spécialiste, la famille te demande de prier Santa Maria di Cetrella, cela te  fait combien de promesses ? "

 Je n'en ai plus aucune idée! Vais-je y passer la journée ? Non, c'est mal de plaisanter, la confiance que l'on place en vous  pèse moins qu'une plume !

 Le jour est encore endormi au sein des grottes  quand pleins d'allant, enthousiastes à l'instar de deux enfants esquivant d'ennuyeux devoirs scolaires, nous arpentons le chemin de la Migliera en sens inverse du belvédère. La nuit submerge les détails habituels et malgré notre singulière bonne humeur, nous éprouvons la sinistre frayeur de ceux qui s'égarent en un paysage familier.

Heureusement deux silhouettes se profilent devant nous, un homme s'appuyant sur une cane, et son fils d'âge mûr, tous deux élégants, et convaincus. L'escalir se termine en une pente bordée d'un bois, les pélerins et le sentier disparaissent, l'angoisse renaît en dépit des lueurs de  l'aube, soudain un troisième pélerin nous trace la route, un jeune homme taciturne, retiré en lui-même, ne répondant pas à notre salut. Qu'importe son humeur, il sait où il va, et nous le suivons. Sauvés!  nous grimpons à flanc de montagne, les pierres  coupantes roulent à chaque pas, et l'aube envoie la nuit vers les grottes obscures.

 Anacapri scintille, arrondie sur son promontoire  défiant la mer de lait. C'est un village de cristal bleu sur lequel s'épanouit la coupole de Santa Sofia. Mais, l'heure ne se prête guère à la méditation ! il faut avancer ! Les courageux fidèles nous dépassent, tout sourires, merci mon Dieu ! Au moment où je pense avec effroi que nous n'en finirons jamais, apparaît l'ultime effort à fournir, laissant l'Homme-Mari persévérer sur le sentier ondoyant, je décide de couper net à travers un buisson, je me sens enlevée, et j'ai terriblement hâte de gagner l'Ermitage au plus vite. J'e jalouse presque le Frère Anselmo qui vécût soixante dix années en bon ermite, Saint homme et gardien de la vallée, fervent et solide au-dessus des drames, guerres, malédictions éternelles, qui de générations en générations ébranlent notre confiance en l'homme, abîmes d'où nous crions vers Dieu ...

 Enfin, le  petit sanctuaire de la Santa Maria di Cetrella  nous récompense avant l'entrée dans la vallée. Le sentier se change en une piste d'herbes et de terre,  à notre droite, d(étranges  ruines parsèment  le bosquet et  dévalent de la montagne, à notre gauche, les chênes verts dansent vers la vallée profonde, l'île bleue est devenue verte, et les campanelles tintent à toute volée, vite !

 Nous  apercevons l'Ermitage, passons sans la voir devant la ferme empierrée qui fut la source d'inspiration de l'écrivain excentrique Compton-Mackensie (heureux mortel d'habiter en ces lieux sublimes et silencieux !),et, terrassés de fatigue, finissons notre périple en nous écroulant sur les chaises offertes avec gentillesse, nous sommes les derniers, honte à nous ! nombreux, recueillis,  les fidèles, tous Capriotes, sont déjà bien assis à l'intérieur de la chapelle. pleine à craquer.

 Ce lieu saint évoque un coquillage renversé, ou une grotte soutenue d'arcs puissants, je ne vois pas le prêtre, un énorme pilier me le cache, mais  je suis consolée par la lumière éclairant la statue couronnée d'or de la Madone en rouge et vert, son enfant sur les genoux. Mère et fils lèvent leurs doux regards vers le ciel et la messe commence.

 Nous  la suivons de façon instinctive, le prêtre dit de belles et simples choses,  c'est un homme sans âge qui  semble pétri de bonté, et aussi d'humour; un des braves chiens couchés aux pieds de leurs maîtres ronfle comme un bienheureux, le prêtre s'amuse, lance une plaisanterie à laquelle nous ne comprenons goutte,  et l'assistance se détend. Le prête passe aux choses sérieuses,  nous exhorte avec passion,, et nous sentons que notre prière pour la paix monte sans faillir vers le Ciel. La cérémonie, modeste, franche, humaine, file à vive allure.

Mais, on ne nous abandonne pas pour autant, on nous ordonne d'aller chercher notre café, et on nous offre une tranche de gâteau , puis, ces réconforts en main, nous traversons les humbles pièces de l'Ermitage, minuscules dortoirs, salles rustiques en pierre nue, la lumière nous fait reculer, sur la terrasse, les fidèles bavardent, les chiens soupirent d'aise, et l'aurore poudroie, rose et dorée sur le golfe de Salerne, et le baie de Naples, nous sommes à la pointe  d'un navire glorieux fendant l'éternité.

  Les larmes me piquent les yeux, nous avons atteint le coeur de Capri, et,  j'en suis certaine, j'ai entendu battre ce matin le coeur du monde ...

Comment s'arracher à cette Cetrella perdue dans sa ferveur nuageuse ? J'en profite pour dire les prières promises,  au fur et à mesure, je crois les voir battre des ailes sur la mer ...Pourvu qu'elles soient exaucées !

Le joyeux bavardage de la gentille Signora Rosetta, toute fière d'avoir gravi la montagne à un âge fort respectable en compagnie de son chien qui "Le pauvre va dormir tout l'après-midi, moi, non, je n'ai pas le temps, je dois m'occuper du potager! "  apaise mon exaltation. Nous sommes dans le monde réel ! L'Homme- Mari ragaillardi autant par la prière que par son café exige un dernier exploit, redescendre  par le terrifiant Passietiello qui tournoie et ondule entre les précipices vers l'hôpital de Capri, endroit très sympathique où je ne désire surtout pas retourner.

 Autour de nous, les protestations fusent, on interdit à l'Homme-Mari de risquer la vie de sa malheureuse épouse, et on nous conseille de nous contenter de la jolie promenade dans le bois de chênes, au bas du terrifiant  Passietiello.

 "Pourquoi ne pas visiter la Casa Mackensie ? Oui, elle est ouverte, et vous soutiendrez les Amis de La Cetrella,  juste deux ou trois pièces, la cuisine vous amusera, oubliez les périls inutiles, la Cetrella vous gratifiera de tellement mieux ... Aimer Capri, c'est savoir se taire, savoir rêver  au-dessus des gouffres, sur un banc juché face au précipice, face au vertige, de cette hauteur, même les massifs Faraglioni sont domptés, réduits à trois insignifiants rochers. "

 Je ne sais qui parle, et ne le saurai jamais car en un battement de cil, l'Ermitage se vide. La  petite vallée verte  nous tend les bras, nous obéissons à la voix inconnue et  nous perdons un long moment en songes lumineux. Autour de nous, l'air est habité de chants d'oiseaux, de craquements de branches sous la brise, le jardin de l'Ermitage nous protège, hanté par une force divine. La mer flamboie, les îles lointaines narguent nos désirs pourtant redescendre de ces hauteurs sublimes semble si dérisoire...

Une maison ensorcelée  à Capri ? Un amour surgi dune vie antérieure ? Ces illusions s'effilochent, vaines, stériles, nous avons trouvé beaucoup mieux ce matin à l'aube... 

La marche vers Anacapri est pénible, nous ne sommes plus enlevés d'enthousiasme, mais le désamour est vaincu, Capri nous a repris en cette aurore ...Mais que veut-elle de nous ?

A bientôt ! pour la suite de la seconde partie de ce roman-feuilleton entre Naples et Capri, 

 Nathalie-Alix de La Panouse

ou Lady Alix



La chapelle de la Cetrella à l'aube, Isola di Capri:
 un sanctuaire voué à la paix, aux prières, à l'espérance envers et contre tout. 
On peut y entendre la messe chaque dimanche de septembre ...
Septembre 2024, sur les hauteurs de Capri.
Crédit photo Vincent de La Panouse

 

 


 

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